Première découverte de monastères roumains, Tiganesti et Snagov, à une quarantaine de kilomètres au nord de Bucarest.
Jadis le monastère de Tiganesti était perdu dans une forêt, près d’un lac. Aujourd’hui la forêt a été réduite à une peau de chagrin mais donne encore un côté majestueux à la route qui y mène. La peinture blanche est éclatante, la pelouse coupée rare, les chemins débarrassés de toute feuille morte. Une sœur nous accueille, toute de noire vêtue et coiffée de sa calotte ronde qui descend légèrement sur le front, protection symbolique contre les flèches du diable.
Nous passons sous le clocher pour apercevoir l’église à la forme traditionnelle de bateau et les mosaïques colorées de sa façade. Ses coupoles sont surmontées d’une croix dont la base est un croissant, souvenir des victoires d’Etienne le Grand sur l’ennemi ottoman, la croix chrétienne écrasant le croissant musulman.
A l’intérieur je découvre l’accumulation des icônes, du sol au plafond, peintures et dorures. Les plus fragiles sont recouvertes d’argent sculpté. Seul le visage de l’icône d’origine apparaît au centre du tableau, comme coincé dans une armure trop grande. Je préfère les fresques de la première partie de l’église. Les couleurs du style naïf des représentations des saints, des patriarches, des fondateurs et des donateurs me parlent avec douceur. Pourtant le bûcher de l’enfer et la tête de mort au pied de Jésus exsangue sur sa croix n’ont rien de délicieux. Les mosaïques de la façade m’enchantent par leurs champs chromatiques et la finesse de l’exécution.
Nous traversons le jardin fleuri derrière l’église pour atteindre l’atelier de tissage. De grands métiers à tisser tendus de milliers de fils sont prêts à produire les riches étoffes de soie et coton des tenues des patriarches. Malheureusement tout est à l’arrêt, comme suspendu dans le temps. Les stocks sont pleins et beaucoup d’étoffes sont aujourd’hui importées de Grèce. Les machines n’ont pas fonctionné depuis trois ans. Qui se souviendra encore de leur manipulation si les sœurs ne reprennent pas le travail bientôt ? Il serait dommage que ce savoir-faire se perde alors que c’est lui qui a permis au monastère de survivre sous le communisme.
Enfin les plus beaux trésors du monastère sont exposés dans son musée. Je suis touchée par la grâce des certaines icônes, dont la peinture légèrement écaillée laisse deviner le bois mais aux pigments encore vifs.
Nous reprenons les voitures pour nous rendre ensuite au monastère de Snagov, à quelques kilomètres seulement de celui de Tiganesti. L’ambiance est très différente. Ce monastère est sur une île au milieu d’un lac bordé de roseaux. Et de maisons aux pontons plongeant dans les eaux calmes du lac. Jusque récemment les visiteurs devaient emprunter une barque pour atteindre le monastère. Depuis environ un an, une passerelle permet de traverser le lac à pied. Nous apercevons les toits du monastère derrière les arbres. En bas de la passerelle des pêcheurs se sont installés sur des barques retournées. Des épis de maïs sèchent au soleil. Des dindons blancs promènent leur mauvaise humeur entre des chiens en liberté.
Le monastère de Snagov est plus ancien que celui de Tiganesti. Etienne le Grand n’avait pas encore bataillé contre les Turc et les croix n’ont pas de croissants à leur base. Les murs du clocher et de l’église sont en briques et pierres, sans peintures ni mosaïques. Le rose des bâtiments est magnifié par le soleil de ce début d’automne.
Il nous est malencontreusement interdit de prendre des photos sous peine d’avoir à payer une amande de 20 euros. Trop cher la photo. Il faudra que vous veniez voir par vous-même les fresques colorées de cette église dont l’intérêt principal reste la soi-disant tombe de Vlad Tepes. Des ossements ont bien été retrouvés dans cette église dans les années 30. Mais les scientifiques et les historiens ne les attribuent pas à ce prince sanguinaire, surnommé l’Empaleur qui régna par la terreur au XIVe siècle et qui serait à l’origine de la légende de Dracula. Reste que les légendes ont la vie dure.
Pour finir cette journée de découverte nous avons déjeuné au complexe olympique. L’occasion de visiter les infrastructures toutes neuves des meilleurs athlètes de la Roumanie.
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