mercredi 29 février 2012

Chiffres

1500 km, 25 heures de route, 4h d'enregistrement audio, 300 photos, 1 paquet de couches culottes, au moins 10 séances de Merlin l'Enchanteur sur l'Ipad, 5 kg de boue sur la voiture, 30 Martisor, 2 ceintures, un poil de fatigue, un grain de folie et un livre dans la ligne de mire.

Plus de photos ici !


Et le plan de notre périple.


Agrandir le plan

mardi 28 février 2012

Titi et le sculpteur

Au bout d'un chemin de neige, au rez-de-chaussée d'un bloc sans âme nous entrons dans l'atelier du sculpteur. Il travaille avec le métal et des pièces de toutes formes attendent sur le sol et les étagères au milieu des outils. Barbe blanche et casquette noire, il travaille au chalumeau. Je suis venue voir sa femme, tricoteuse officielle et émérite de 100%RO. Mais plus que par la mohair et la soie, Eglantine restera subjuguée par le feu. Elle se fige à côté du sculpteur. Hypnotisée, il faudra que je la tire un peu pour réussir à la faire partir. Elle qui veut être créatrice, peut-être choisira-t-elle le métal grâce à cette rencontre ? Ou pas.




Conclusion

J'ai avalé des kilomètres, mangé de la Ciorba de Burta (soupe aux tripes), des patates à tous les repas et de la Smantana sur mes papanach. J'ai accumulé la boue jusqu'au toit de ma voiture, j'ai rayé la peinture, rétrogradé dans les virages. J'ai doublé des camions, croisé des charrettes et évité les nids de poule, enfin, autant que possible. J'ai vu de la neige sous la neige et sous le soleil, en plaine et en montagne.

J'ai essayé de concilier boulot, vacances des filles et tourisme. Même avec ma merveilleuse Elena pour m'aider, c'est pas facile. Mais j'ai vu tous les artisans de 100%RO dans le Maramures. Filer la laine, tailler le bois, manier le crochet ou le métier à tisser, dompter les perles et les fils, les roses d'hiver et les désirs des stylistes, les mains de la Roumanie sont habiles et généreuses. J'ai eu des cadeaux, les filles aussi. Elles ont joué dans la neige, mangé des gâteaux, croqué dans la vie et suivi du mieux possible la curiosité de leur maman. Dans le cimetière joyeux de Sapanta, tâches de rouge et de rose jouant au milieu des croix bleues. Les photos d'Eglantine, les cris d'Hortense, leurs éclats de rire, les disputes, les bobos et les gros câlins.

Demain déjà nous rentrons. Et nous n'aurons pas visité une de ces belles églises en bois du Maramures dont les flèches vertigineuses fendent le ciel. Nous n'aurons pas pris le train de Viseu et ne nous sommes pas arrêtées prendre en photo une de ces nombreuses charrettes tirées par des chevaux décorés de pompons rouges et débordantes de foin. Ni un de ces magnifiques portails de bois sculpté de cordes et de feuillage qui représentent l'arbre de vie.

Et il y a encore tellement d'artisans que je voudrais voir. Le tonnelier, le boulanger, le peintre d'icônes en verre ou le sculpteur de portails.

Alors je reviendrais, c'est certain. Quand la neige aura fondue, chassée par la verdure fraîche et les fleurs du printemps.

Je suis crevée mais tellement heureuse de tout ce que j'ai vu, d'avoir rencontré tant d’artisans passionnés et qui sont une vraie force de la Roumanie d'aujourd'hui en lui conservant son savoir-faire d'hier.

lundi 27 février 2012

Des visages et des mains, artisanat roumain



dimanche 26 février 2012

Vers Baia Mare en passant par le cimetière joyeux


Sighet un dimanche matin d’hiver, c’est glacial. Et pas seulement parce que nous nous sommes réveillées avec de gros flocons de neiges. Les gens nous répondent à contrecœur alors que nous cherchons notre chemin. Les rues sont vides et les seules personnes dehors se hâtent de se rendre à l’église. Nous cherchons à acheter des Martisor pour Eglantine qui veut en offrir à toutes ses amies. Face aux portes et aux visages fermés, nous rebroussons chemin. Nous mettons les bagages dans la voiture et partons pour Sapanta. En finissant de traverser le centre, nous découvrons enfin un marché de Martisoare et Eglantine a enfin son porte-bonheur.

Elle le met autour de son poignet et le soleil arrive. Nous sommes à la sortie de Sighet qui, elle, restera pour nous une ville grise. Eglantine est enchantée de savoir que son porte-bonheur nous a amené le soleil. De son côté Hortense est plongée dans l’Ipad. Elle a très mal dormi, et Elena avec elle. Nous longeons la frontière avec l’Ukraine jusqu’au fameux village du cimetière joyeux.

En effet à Sapanta, le cimetière dégage une vie incomparable, pleine des joies de la campagne du Maramures. Chaque tombe est ornée d’une croix sculptée et peinte de couleurs vives à l’image de celui qu’elle honore, rappelant son métier ou sa passion, agrémentée d’un petit texte. Métiers à tisser, musiciens, bergers, garagiste ou vétérinaire, toutes les activités de la vie du village y sont imagées. On trouve aussi la mort brutale d’une jeune fille visiblement écrasée par une voiture, la représentation de la tuica dévastatrice pour celui qui s’est pris de passion pour elle et la croix de l’homme qui peint la croix.




Au fond du cimetière, des hommes creusent la terre gelée. La mort ne s’arrête pas. Mais elle trouve dans ce cimetière une expression pleine de respect pour ceux qui ont vécu. Le visiteur ne peut qu’être touché d’être accueilli dans la gaité des couleurs des morts. Au milieu du cimetière, une énorme église est en rénovation. Ses cloches attendent d’être mises en place et les échafaudages de bois jurent au milieu de la beauté des tombes. De l’intérieur s’élèvent les chants de la messe dominicale. Les femmes, jeunes et vieilles, portent la jupe traditionnelle à petites fleurs, le foulard sur la tête assorti. Les hommes sont devant, elles sont derrières, plus nombreuses, armée de manteaux noirs à la gloire de Dieu. Et encore cette vie qui sort avec force des chants et des visages qui pourtant me sont si étrangers.

Hortense n’en peut plus. Nous quittons Sapanta pour gagner au plus vite Baia Mare. Elle s’endort dans la voiture et ne se réveille que deux heures après, lorsque nous arrivons. Les distances ne sont pas longues mais la route serpente sans fin, traversant village sur village, sous le soleil ou dans un brouillard à couper au couteau.

Nous nous fixons dans un grand hôtel de la ville neuve. Hortense et Elena restent dans la chambre à se reposer à défaut de dormir. Eglantine et moi prenons un taxi jusqu’au centre historique. Autour d’une grande place à l’esprit baroque, nous déambulons dans les ruelles et jouissons d’un ciel bleu et du soleil illuminant les façades colorées qui égayent la ville. J’ai repéré deux pensions qui ont l’air plus agréables et humaines que l’hôtel où nous sommes. Demain nous déménageons ! Mais ce soir je profite du wifi de l'hôtel pour mettre à jour le blog depuis l'ordinateur.


À toute vapeur

Tellement occupée à vous décrire notre voyage d'hier, j'ai oublié de vous parler de l'attraction principale de Viseu de Sus. Le train à vapeur qui emmène les visiteurs dans la vallée de la Vaser. Aucun regret pour nous ne pas être disponibles pour un départ de bon matin, les conditions météo ne permettent pas le départ du train des bûcherons.

Mais je compte bien revenir à la belle saison et prendre la Mocanita en famille pour découvrir les paysages sauvages de cette vallée inaccessible par route.

Et sur le prospectus disponible dans notre chambre d'hôtel, il semble que des trains spéciaux sont organisés. Pâques, Maramures Brunch, théâtre, pleine lune, festival de rock ou de musique classique, Noël et nouvel an. Je pense que toutes les infos sont disponibles sur leur site internet, www.cffviseu.com.

samedi 25 février 2012

En serpentant dans le Maramures

Drum bun !

La pluie a enfin cessé ce matin. Le soleil perce entre les nuages quand nous chargeons la voiture pour reprendre la route. À Salva nous sommes chaleureusement accueillies par Virginia Linul, la grand-mère aux yeux clairs et au doux sourire. Nous restons plusieurs heures avec les brodeuses de perles avant de prendre la 17C vers le nord pour rejoindre Viseu Sus.

Petit à petit le style des maisons change. Les maisons hongroises à étage disparaissent et les toits en bois se multiplient. En haut d'une longue montée, un portail en bois sculpté marque notre entrée dans le Judet du Maramures.

De prime abord Viseu Sus ne présente qu'un intérêt limité. Cette ville est surtout connue pour vendre du bois dans le monde entier. Dans des camions, dans des charrettes ou des traîneaux tirés par des chevaux ornés des traditionnels pompons rouges portes-bonheur, en longues planches entreposées le long des barrières des maisons, en gros rondins ou petites bûches, le bois est partout.

Ici nous trouvons une pension avec une salle non-fumeur bénéficiant d'une belle baie vitrée, "La Cassa". Puis nous changeons de vallée pour nous rendre à Botiza, plus au sud. Petites routes à nid de poules serpentant au milieu des vallons enneigés, paysages immaculés rythmés par les meules de foins comme autant de chapeaux de pailles, les arbres et de grandes barrières. Nous traversons des villages où les portails de bois sculptés transforment de modestes demeures en monuments paysans et arrivons finalement sur la place principale de Botiza.

Dans le Guide Vert, ce village est annoncé comme un haut lieu de tissage des tapis traditionnels du Maramures. L'église en bois au clocher allongé pointant vers le ciel est aussi silencieuse que la place déserte. Heureusement une voiture vient se garer juste à côté de nous. L'homme qui en sort se met en quatre pour nous trouver une tisseuse et son métier à tisser. Nous prenons la route qui part face à l'église, passons un panneau "Drum calamitat", littéralement "route calamité" (!), et sur le troisième pont à droite nous attend notre tisseuse, avertie par téléphone de notre visite impromptue.

Son métier à tisser occupe quasiment toute la pièce. Elle prend le temps de nous expliquer son métier, ses contraintes et de nous montrer ses tapis, véritables fresques de la vie du Maramures. Nous reprenons la 186 direction Sighetu Marmatiei où nous avons réservé une chambre pour la nuit. La Casa Lurca de Casinesti finit de nous plonger dans l'architecture du Maramures. Les filles peuvent se défouler au rythme des musiques traditionnels de la région grâce à trois musiciens en costume qui animent la soirée. Derrière de lourdes portes, nous entrevoyons des danseurs habillés pour une soirée privée assez chic qui perdent leur souffle sur les danses traditionnelles. Ils tournent et tapent du pied, se perdent et se retrouvent. Tiraillées par la curiosité, nous poussons la porte et les filles sont entraînées dans la danse pour leur plus grand plaisir.

Cette journée à été riche en découvertes, expériences et bons moments. J'ai plein de matière pour mes livres et le catalogue de 100% RO. Demain pas d'artisans, c'est dimanche. Alors nous continuerons notre Drum bun (bonne route !) en poussant jusqu'au cimetière joyeux.

vendredi 24 février 2012

Premières couleurs de l'artisanat roumain

Tête de printemps, bec dans la neige

Aujourd'hui dans la région de Bistrita-Nassaoud c'est Capul Primaveri, la fête de la tête du printemps. Et ce jour là on ne travaille pas, on ne lave, on ne coud pas. Sinon les insectes sortent de terre pour manger les récoltes. Donc, dans la grande maison de Virginia Linul personne ne travaille quand nous arrivons ce matin. Car cette tradition ancestrale est encore bien vivante chez ces spécialistes de la broderie de fils et de perles. Virginia est en Hongrie et c'est sa sœur Maria qui nous ouvre les portes de la grande salle d'exposition. Ici le touriste trouvera des souvenirs de très grande qualité réalisés entièrement à la main. Car Virginia et son équipe ne travaillent pas que pour ceux qui veulent ramener chez eux un peu des beautés de l'artisanat roumain. Les costumes aux blouses brodées, aux gilets et ceintures perlés et aux tabliers de laine colorée, les chimir (ces grosses ceintures de cuir à trois boucles typiques des campagnes roumaines), les colliers de perles, les chaussons de cuir ou les clop (chapeaux de feutre ronds ornés de perles, voire d'une roue de plumes de paon) sont majoritairement produits pour les Roumains. Les ensembles folkloriques bien sûr, mais aussi les particuliers de la région qui portent encore ces costumes traditionnels pour les fêtes religieuses, Noël, Pâque, ou lors des mariages.

Nous voilà donc le bec dans l'eau, ou plutôt dans la neige qui s'est remise à tomber par gros flocons aujourd'hui. Le ciel est bas qui écrase mon courage et la grisaille me gagne comme elle s'étend sur les maisons. Autant faire une sieste avec les filles en attendant une meilleure journée.

Et après ce petit repos, alors que les filles jouent et babillent à côté de moi dans la chambre, je regarde les photos prises ce matin et il en ressort des couleurs fabuleuses qui me réchauffent le cœur. Il faut bien commencer quelque part. J'ai trop souvent tendance à croire que ce sera simple. Nous ne sommes qu'au début de nos recherches et déjà j'ai plein de pistes pour continuer.

Pour ceux qui passeraient par là un jour, n'oubliez de vous arrêter chez le Mestre Popular Virginia Linul, une grosse maison sur la gauche de la route principale du village de Salva, juste après Nassaud. Il y a un panneau bien visible sur le portail et vous trouverez toujours quelqu'un pour vous ouvrir la porte.

En route !

Brasov, Sighisoara, Târgu Mures, Reghin, Bistrita et enfin Nassaud (prononcez Neusseuoud). Neuf heures de route. Ma voiture est de la même couleur que la neige sale amoncelée aux bords des routes. Nous avons trouvé une petite pension où nous avons pu nous reposer de ce long voyage. Aujourd'hui nous partons à la découverte des artisans du village de Salva. Broderies de perles, colliers, ceintures, chapeaux... J'espère que nous allons trouver ce que nous cherchons.

mercredi 22 février 2012

Les photos d'Eglantine

Eglantine est ravie que je lui prête notre Lumix. Elle s'entraîne très sérieusement à prendre des photos. Du restaurant à l’ambiance Dace de Poiana Brasov aux doux après-midi à la maison, voici un aperçu de ses photos. Notez qu'à Poiana Brasov, elle n'a pas seulement fait un reportage sur le restaurant mais aussi descendu sa première piste rouge. Attention, ça grandit vite !



Branchages

La neige fond. Alors les bouches d'égout sont ouvertes afin que toute cette eau puisse s'écouler. Pour prévenir les passants, les moyens font parfois (souvent ?) appel à la débrouille. Et des arbres sortent des égouts, sans fleurs ni bourgeons. Juste un brin de curiosité et un appel à la poésie. Va-t-on y suspendre des martisor le 1er mars ? Ces petits portes bonheur qui annonceront le printemps accrochés dans les branches des arbres. Des bouches d'égouts végétales ornées de rouge et blanc, et la ville serait plus joyeuse non ?

Dans les mains de Florina

Florina est une kiné qui fait des massages à domicile. Après quelques jours de ski, elle est venue prendre soin de nos muscles. Un vrai régal. Le temps que nous finissions de déneiger la place d'Olivier, elle a décider de faire découvrir aux filles le plaisir d'un massage. Eglantine s'est extasiée tout le temps du massage. "C'est trop z'agréable!" Pendant ce temps Hortense la regardait d'en dessous. La tête de sa sœur dans le trou de la table de massage, vraiment, ça la tordait de rire. Quand ce fût son tour, elle a eu du mal à rester sans bouger. Elle a donc eu un massage rapide qui l'a visiblement largement satisfaite. A croire qu'elle voulait juste faire comme sa grande sœur !

Quand à nous, que dire ? Florina a des mains magiques et fait disparaître toutes les courbatures. En plus elle est super gentille. Nous sommes fans !

vendredi 17 février 2012

Tapisserie contemporaine

Si l'art contemporain fait tapisserie au Musée National d'Art contemporain de Bucarest, il n'en perd pas pour autant sa puissance. Matisse, Picasso, Le Corbusier ou Miro se sont prêtés au jeu. Grâce à la volonté d'André Malraux, les liciers des manufactures des Gobelins et de Beauvais ont retissé des liens dans le vaste concert de l'art contemporain. A travers leur savoir-faire la France resplendit et rayonne aujourd'hui à Bucarest. Le MNAC est malheureusement bien vide ce matin alors que nous faisons une visite avec l'afb. Pourtant les œuvres présentées sont touchantes et vibrantes de couleurs et de lumière. Pour qui, comme moi, n'a jamais fréquenté les salons fermés des grandes institutions de la République, ces tapisseries contemporaines sont une réelle découverte, une magnifique surprise.

Et que dire de l'idée originale et bienvenue de la commissaire de l'exposition qui a décidé de nous laisser voir l'envers du décor ? Les couleurs en bataille, comme pliés sous le vent de la création, semblent répondre à la folie de ces œuvres, au travail soigneux, méthodique et précis de ces interprètes des fils que sont les artisans des Gobelins.

jeudi 16 février 2012

Femme active

Encore un peu de blanc ? La neige commence à fondre mais il en reste encore pas mal. Surtout quand les immeubles voisins nettoient leurs terrasses en balançant la neige dans la rue. Il me faudra ainsi déblayer ma place en rentrant de la sculpture. Comme c'était à l'heure de la sortie des classes, Carine en profitera pour faire cette photo en passant à côté de nous. Au moins vous pouvez vous rendre compte de l'activité qu'impose toute cette neige.

Cependant je suis un peu déçue, on ne voit pas bien que mon attelle est assortie à ma pelle à neige ! ;-)

Généreux bassin


J'ai fini ma sculpture. Peinture aux pigments de kaolin ou de fer, les courbes s'installent. Nous les lustrons ensuite avec une pierre très lisse, floutant les contours, donnant plus de vie à nos œuvres. Ce sera cuit dans le week-end à 100° dans le four de Nicolae.

Et j'ai déjà commencé une nouvelle sculpture. Surprise, à voir très bientôt sur le blog !

mardi 14 février 2012

Le jour d'après

La neige s'est arrêtée de tomber. L'école est fermée. Le temps est dégagé. Nous partons pour le parc. Les filles pourrons s'amuser et moi faire des photos. Au passage nous prenons un copain d'Eglantine. Hortense ne veut pas être traînée dans la luge. Elle veut marcher. Mais à son rythme, nous mettrons trop de temps pour arriver au parc. Je décide de la porter. Erreur. Glissade. Je tombe mal sur mon genou. Entorse. Hortense va très bien. Je panique pour mon objectif. Finalement je n'ai cassé que le filtre. Ouf !




Je boîte un peu tout le reste de la sortie (et j'ai encore mal maintenant malgré mon attelle). Elena s'occupe d'Hortense, moi des photos et les chiens errants errent. Quant à Noam et Eglantine, ils ne s'occupent que de jouer. Le parc Herastrau est un terrain de jeux fabuleusement enneigé où il fait bon construire des murailles, faire des batailles de boules de neige ou s'inventer des histoires dans un bateau pris dans les glaces comme un baleinier sur la banquise.







Sur les aires de jeux, la neige s'est prise dans le maillage des balançoires et des toboggans et j'ai de la neige jusqu'aux genoux. Pour Noam et Eglantine, l'excitation et à son comble. Grimper, sauter, glisser, se laisser tomber dans cet océan de poudre blanche, ils ne s'ennuient pas. Pour Hortense c'est plus compliqué. Elle veut suivre les grands mais ne peut pas marcher. Comme elle refuse toute aide, elle rampe tant bien que mal. Elena finira sagement par la ramener à la maison.




Le lac Herastrau est gelé et couvert d'une épaisse couche de neige. De l'autre côté la Maison de la Presse Libre se détache à peine de tout ce blanc. Dans le parc les enfants sont de plus en plus nombreux qui viennent profiter de la neige. Les parents se transforment en chiens de traineaux et tirent vaillamment les luges.





A force de sauter et de courir dans la neige, Eglantine a de l'eau dans sa chaussure. Vite, nous rentrons à la maison tout faire sécher sur les radiateurs.

Pour voir toutes mes photos de Bucarest sous la neige, cliquez ici !

De pire en pire

Olivier a mis un long moment à réussir à sortir sa voiture ce matin. Le gardien de l'école l'a aidé avec notre pelle à neige et il a finalement pu partir au travail... légèrement énervé.



Vu de la maison, le jardin disparaît en silence dans la poudre blanche.



lundi 13 février 2012

Bucovine dans dix jours ?

J'ai en tête de partir en Bucovine et peut-être dans le Maramures pour les vacances scolaires qui débutent à la fin de la semaine. Elena et les filles viendraient avec moi visiter les artisans des villages de la région. Mais quand je regarde cette vidéo, je m'interroge quant à nos capacités à traverser la Roumanie pour atteindre le pays d'en haut. Sans neige, c'est huit à neuf heures de routes. Mes envies d'aventure et d’écriture chatouillent mon esprit. Je sens que je vais quand même aller m'acheter des chaînes...

Cotorca n'est qu'à 80km de Bucarest...



La Roumanie polaire


13h30. L’école ferme ses portes jusqu’à jeudi. La vague blanche s’épaissit. Le jardin disparaît. Les voitures aussi. Il n’y a plus de marches pour arriver jusqu’à notre porte. Les pelleteurs se multiplient dans les rues. Les chasse-neige ne s’arrêtent plus. Les feux stop rougissent les grandes artères.







 Et aux infos roumaines le pire est au programme. Le nombre de morts ne cesse d’augmenter. A Buzau des villages entiers sont ensevelis. Les gens sortent de leur maison par le toit, quand ils le peuvent. Certains ont creusé des tunnels pour pouvoir circuler. Elena me racontera l’histoire de cette femme sans électricité depuis plusieurs jours qui n’a survécu au froid que grâce à la chaleur de son chien et de ses chats. L’armée est réquisitionnée pour déneiger et approvisionner en eau et nourriture ces villageois qui vivent désormais sous la neige.

dimanche 12 février 2012

Jaristea


Dans la nuit noire d’une Bucarest blanche, les flocons tourbillonnent autour de notre taxi. Après les grands axes, nous nous faufilons dans des ruelles aux immeubles à moitié en ruines. La neige leur donne un air de fin du monde. Je me demande bien où nous allons. Et puis là, à l’angle d’une rue, des murs illuminés se dressaient comme un phare dans l’océan des vieilles bâtisses. Jaristea !

En passant la porte, nous changeons d’époque et basculons dans le Bucarest de l’entre-deux guerres. A l’époque la ville se surnomme le Petit Paris. Jaristea se veut un cabaret des années folles tenu par une  matrone exubérante. Femme imposante au chapeau délirant, elle fume du bout de son porte-cigarette, coincée entre une table couverte d’argenterie et une bibliothèque digne d’une maison bourgeoise du début du XXe siècle.

Les tableaux qui couvrent les murs du restaurant doivent dater de la même époque. Comme un esprit de vente aux enchères. Sur la table, argenterie sur porte-couteaux, le savoir-vivre à l’ancienne. La palinca est servie dans de vieilles fioles de chimie. Breuvage haut en saveur et en degrés d’alcool qui donnera le ton de la soirée. De la folie, du plaisir et des curiosités qui nous emportent dans une nuit des années folles. Des trognes, des corps voluptueux, le cabaret enchaîne les numéros. 




Même le lancement du service fait partie du spectacle. Les serveurs amènent les assiettes à la lumière d’une grande bougie et s’alignent devant les tables avant de commencer leur mise en place. Tout au long de la soirée, les verres sont régulièrement remis à niveau, et il ne faut jamais attendre longtemps ou se répéter quand quelque chose nous manque. Irréprochable.




Danseuse en robe rouge, Cancan parisien, Mariachis mexicains, entre deux numéros la dame au chapeau raconte des histoires. Nous ne comprenons rien mais j’aime la regarder, les yeux fatigués, elle vit son rôle dans cette époque hors du temps. Elle a créé son univers et nous y emmène avec force et douceur.

J’ai particulièrement apprécié la danseuse de flûte de pan, aussi arrondie que son instrument avec ses longs cheveux qui descendaient dans son dos. Et je suis littéralement subjuguée par l’habilité du joueur de timbal (prononcez tsimbal), cet espèce de piano sans touches où le musicien frappe les cordes avec de fines mailloches.


Un petit bémol quant à la dernière chanteuse qui manquait d’attrait et de voix mais restait elle aussi une curiosité par son look et son répertoire.

samedi 11 février 2012

Fresque bucarestoise

L'idée d'Alexandrina était plutôt sympa. Elle m'a commandé une fresque bucarestoise pour le départ d'un amie à elle. Ca devait être pour mars. Finalement pour aujourd'hui. Bien sûr elle me l'a dit voilà deux semaines. Pendant une semaine j'ai retourné le projet dans ma tête pour me l'approprier. Et puis voilà que 100% RO redémarre. Le temps passe et je commence mon tableau mercredi. Alex flippait qu'il ne soit pas prêt à temps. J'y ai mis toute mon énergie et je l'ai finalement terminé hier soir à 22h.

Il ne reste plus qu'à savoir si ça lui plaira...


jeudi 9 février 2012

Sculpter l'argile

Ca y est ! Nous avons commencé notre stage de sculpture chez Nicolae. L'argile d'Harghita nous attendait dans l'atelier. Nous avons appris à la modeler, la tirer, la presser, la lisser, pour obtenir des formes parfois inattendus. La prochaine fois, nous œuvres auront sécher et nous passerons à la peinture avec des pigments exclusivement naturels. Un ou deux passages dans un four à 1000° et nous serons fières d'exposer le résultat.



Quand l'école est fermée

L'école a été fermée pendant deux jours à cause de la neige. Une fois faits les devoirs envoyés par mail, il a bien fallu occuper nos chères têtes blondes. Et je pense ne pas avoir été la seule à avoir investi les capacités créatives des p'tits loulous. Peintures, feutres, pastels, collages et paillettes, l'imagination n'a pas de limites et le temps passe plus vite.


dimanche 5 février 2012

Poudre aux yeux

L'alerte rouge se révèle être de la poudre blanche aux yeux. La neige n'a pas enseveli Bucarest. Les autoroutes ont bien été fermées vendredi soir. Finalement sans réelle nécessité. En même temps, je préfère une alerte blanche qui ne me fait pas voir rouge et avoir le feu vert pour circuler ! ;-)

vendredi 3 février 2012

Tennis


Le vendredi, c'est tennis. Dans le parc voisin de la maison, Eglantine retrouve son amie Sofia pour un cours avec Romeo. Arqué sur ses vieilles jambes, un peu raide et clopinant, le vieux professeur insuffle à Eglantine le plaisir du tennis sur terre battue. Je la vois qui progresse. Ma petite fille devient chaque jour un peu plus grande.

Toutefois rien n'est plus drôle que de courir aux quatre coins du terrain avec son amie ou faire des tas avec la terre en se racontant des histoires. Petite fille deviendra grande. Mais pas trop vite. En attendant, elle travaille son revers.

L'Opéra de Georgette


Visiter l’Opéra de Bucarest avec Georgette, c’est donner vie à cette usine lyrique. Pianiste russe pétulante, Georgette vibre au rythme du bâtiment, souhaitant nous montrer le meilleur de ce qu’il contient. Elle aura le froid contre elle. La répétition du chœur est annulée car les chanteurs ne peuvent pas chauffer leur voix. A l’instar de ces danseurs étoiles qui cessent la répétition au moment même où nous entrons. Le bâtiment est trop mal chauffé. Georgette fait une scène, prétextant le devoir de représentation de l’excellence de la Roumanie. Elle n’accepte pas qu’une répétition souffre du froid.


Il faut dire qu’à côté des ateliers des ouvriers de l’Opéra, danseurs et chanteurs semblent bien lotis. Non averties du froid régnant dans la plupart des salles des travailleurs invisibles de l’Opéra, nous avons laissé nos manteaux au vestiaire. Nous nous rigidifions au fur et à mesure que nous visitons les ateliers de création des décors en papier mâché et en bois, des costumes, chapeaux et pointes. Nous passons de pièce en pièce jusqu’au dépôt de ces décors démesurés qui attendent d’être réutilisés.


Cependant c’est sur la scène que l’activité est aujourd’hui la plus intense. Poser les décors, recoudre les rideaux, essayer les lumières et les effets spéciaux, l’Opéra prépare la première de Méphistophélès. Assises dans les fauteuils de velours rouge, nous écoutons Georgette nous raconter les voix, les caprices de solistes, la rigueur du travail, les contretemps, les heures de répétitions, le trac et le spectacle.





Il ne nous reste plus qu’à acheter des places pour profiter de l’endroit du décor dans la chaleur de la grande salle alors que Bucarest disparaît sous la neige.

mercredi 1 février 2012

Alerte rouge "1954"

Les autorités roumaines sont en alerte rouge. Les probabilités sont grandes d'avoir de très fortes chutes de neige ce week-end ou en début de semaine prochaine. Ils redoutent des niveaux à la hauteur de l'année 1954. Du coup je suis allée jeter un œil sur internet et j'ai trouvé ces photos.




Je vais aller faire le plein demain à Carrefour au cas où nous serions bloqués par des murs de neige dans les jours qui viennent...

Pour ceux qui lisent le roumain, trouvez plus d'infos sur le site de DeCe News et apropro.ro.

Les Apuseni sous la neige

Vous qui suivez ce blog vous avez bien compris que je suis partie faire un stage photo de trois jours dans les Apuseni. L'idée ? Photographier les couleurs de l'hiver dans les villages et montagnes de cette Transylvanie à forte influence hongroise. Récit d'un voyage haut en couleurs, même si ce fût parfois assez proche du noir et blanc.

Tout commence jeudi, où dans une Bucarest bloquée par les tempêtes de neige nous réussissons finalement à décoller pour Cluj (A). Notre prof de photo, Mihai Moiceanu, nous attend avec un van pour nous conduire à la pension de Conacul Secuiesc dans le village de Coltesti (B). Nous nous écroulons dans la chaleur réconfortante de cette grosse bâtisse en rouge, vert et blanc.



Agrandir le plan

Après un petit déjeuner copieux et bavard, nous sortons nos équipements de neige pour partir à la chasse aux photo dans le village. Dans les rues désertes quelques hommes titubent déjà en sortant du café-bar de la coopérative. Boire, ou comment tuer le temps quand la rigueur de l'hiver empêche toute activité. Rides creusées, regards perdus dans le blanc de la neige et gueules tordues dessinent la beauté toute en relief de ces villageois.





Au loin la forteresse de Coltesti nous indique le chemin à suivre. La route est longue et les arrêts photos trop nombreux pour que nous arrivions jusqu'à elle. Nous nous satisfaisons d'un mont en contrebas pour faire des photos du village vu d'en haut. Nous sommes épuisées par la montée dans la neige fraîche où nous nous enfonçons jusqu'aux genoux. Cathy deviendra ainsi notre Snow Fairy tant il est difficile pour elle de sortir ses jambes de la neige, provoquant chutes, roulades et éclats de rire. Mais c'est toujours une grande satisfaction d'arriver en haut. J'avoue cependant que je ne suis pas une grande amatrice de ces paysages en noir et blanc. Le soleil en effet n'est pas avec nous et le ciel restera couvert une grande partie de la journée.






Le déjeuner à la pension nous fait profiter des spécialités culinaires du pays. Nous serons chouchoutées tout au long de notre séjour par Tibike, un serveur plein de classe et d'humour. Il scotchera par exemple sur son ordinateur une pomme qu'il aura préalablement croquée, histoire d'être en harmonie avec l'ambiance Apple des nombreux Mac ouverts sur les tables, le soir, lors du debriefing.

Nous allons chercher le coucher de soleil sur les hauteur de Rimetea (C), un petit village hongrois proche de notre pension. Le temps d'installer les trépieds, le soleil se cache. Apprendre la photo se révèle être aussi un apprentissage de la patience. Nous attendrons qu'il réapparaisse, baignant le sommet de la montagne de sa chaude lumière alors que déjà le village est dans l'ombre.



Le lendemain matin nous traînons moins, désireuses de profiter pleinement de notre journée. Nous faisons un nouvel arrêt à Rimetea pour travailler sur la réflexion des maisons dans les bassins de la fontaine du village. L'arrivée du soleil annonce des photos plus colorées, plus inspirantes. Je commence à maîtriser les réglages de mon appareil. Mais Mihai me reproche un point de vue de peintre et non de photographe. J'ai indéniablement encore beaucoup de choses à apprendre.



La route pour déjeuner à Silciua (D) n'est pas simple quand nous devons partager la route étroite et enneigée avec un couple de bœufs tirant des troncs d'arbre. Mais nous découvrons la vie des villages transylvaniens, comme ces deux jeunes hommes et cette femme en train de charger du foin sur une charrette à Buru. La scène est pittoresque et nous sortons nos caméras alors que Mihai entame la conversation. Les trois jeunes gens viennent d'acheter du foin à une vieille dame qui nous récitera des poèmes.






Après avoir englouti mamaliga (la polenta roumaine), Afinata (liqueur de myrtilles) et Visinata (liqueur de cerises), je suis parée pour la montée. Chacune puise dans ses forces pour relever ce défi sportif. A l'arrivée quel enchantement ! Les vallées se dessinent en courbes blanches dans la lumière de cet fin d'après-midi ensoleillée. Nous attendons que le soleil se perde derrière les montagnes puis fixons tant bien que mal dans nos objectifs la lumière bleue de la nuit qui tombe. La descente se fera dans le noir des sous-bois. En bas, un bon vin chaud réchauffera les corps et les cœurs bien sollicités.





Dimanche nous remettons tous nos bagages dans le van. Nous saluons Tibike et son jeune collègue de chaleureux gestes de la main alors que nous quittons la pension pour nous rendre aux gorges de Turda (E) Quand nous arrivons au gorges le soleil est haut. Le thermomètre ne dépasse pourtant pas les -10°. Nous descendrons au-delà des -20° au plus profond des gorges. Prendre des photos devient alors compliqué. Les doigts se refroidissent trop vite. La rivière gelée, parsemées de pierres de neige, de reflets et de branches donne lieu à de nouveaux exercices photo.



 

Nous déjeunons à Turda (F) au Castelul Printul Vanator (château de Dracula et du Prince de la Chasse). Très kitch jusque dans le menu qui propose un plat nommé "Exhausted Dracula's dick" (la bite épuisée de Dracula). Il paraît que quand on voit le plat, le titre est très parlant... Nous sommes restés sages et avons ensuite filé vers notre dernière destination avant l'aéroport, l'ancienne mine de sel de Salina-Turda (G). Un lieu totalement surréaliste avec une grand roue, des barques autour d'une île ou encore un mini-golf dans la grotte creusée pendant des années par les mineurs du sel.







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