Sighet un dimanche matin d’hiver, c’est glacial. Et pas
seulement parce que nous nous sommes réveillées avec de gros flocons de neiges.
Les gens nous répondent à contrecœur alors que nous cherchons notre chemin. Les
rues sont vides et les seules personnes dehors se hâtent de se rendre à l’église.
Nous cherchons à acheter des Martisor pour Eglantine qui veut en offrir à
toutes ses amies. Face aux portes et aux visages fermés, nous rebroussons
chemin. Nous mettons les bagages dans la voiture et partons pour Sapanta. En
finissant de traverser le centre, nous découvrons enfin un marché de Martisoare
et Eglantine a enfin son porte-bonheur.
Elle le met autour de son poignet et le soleil arrive. Nous
sommes à la sortie de Sighet qui, elle, restera pour nous une ville grise. Eglantine
est enchantée de savoir que son porte-bonheur nous a amené le soleil. De son côté
Hortense est plongée dans l’Ipad. Elle a très mal dormi, et Elena avec elle.
Nous longeons la frontière avec l’Ukraine jusqu’au fameux village du cimetière
joyeux.
En effet à Sapanta, le cimetière dégage une vie incomparable,
pleine des joies de la campagne du Maramures. Chaque tombe est ornée d’une
croix sculptée et peinte de couleurs vives à l’image de celui qu’elle honore,
rappelant son métier ou sa passion, agrémentée d’un petit texte. Métiers à
tisser, musiciens, bergers, garagiste ou vétérinaire, toutes les activités de
la vie du village y sont imagées. On trouve aussi la mort brutale d’une jeune
fille visiblement écrasée par une voiture, la représentation de la tuica
dévastatrice pour celui qui s’est pris de passion pour elle et la croix de l’homme
qui peint la croix.
Au fond du cimetière, des hommes creusent la terre gelée. La
mort ne s’arrête pas. Mais elle trouve dans ce cimetière une expression pleine
de respect pour ceux qui ont vécu. Le visiteur ne peut qu’être touché d’être
accueilli dans la gaité des couleurs des morts. Au milieu du cimetière, une
énorme église est en rénovation. Ses cloches attendent d’être mises en place et
les échafaudages de bois jurent au milieu de la beauté des tombes. De l’intérieur
s’élèvent les chants de la messe dominicale. Les femmes, jeunes et vieilles,
portent la jupe traditionnelle à petites fleurs, le foulard sur la tête
assorti. Les hommes sont devant, elles sont derrières, plus nombreuses, armée
de manteaux noirs à la gloire de Dieu. Et encore cette vie qui sort avec force
des chants et des visages qui pourtant me sont si étrangers.
Hortense n’en peut plus. Nous quittons Sapanta pour gagner
au plus vite Baia Mare. Elle s’endort dans la voiture et ne se réveille que
deux heures après, lorsque nous arrivons. Les distances ne sont pas longues
mais la route serpente sans fin, traversant village sur village, sous le soleil
ou dans un brouillard à couper au couteau.
Nous nous fixons dans un grand hôtel de la ville neuve. Hortense
et Elena restent dans la chambre à se reposer à défaut de dormir. Eglantine et
moi prenons un taxi jusqu’au centre historique. Autour d’une grande place à l’esprit
baroque, nous déambulons dans les ruelles et jouissons d’un ciel bleu et du
soleil illuminant les façades colorées qui égayent la ville. J’ai repéré deux
pensions qui ont l’air plus agréables et humaines que l’hôtel où nous sommes. Demain
nous déménageons ! Mais ce soir je profite du wifi de l'hôtel pour mettre à jour le blog depuis l'ordinateur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire