dimanche 26 février 2012

Vers Baia Mare en passant par le cimetière joyeux


Sighet un dimanche matin d’hiver, c’est glacial. Et pas seulement parce que nous nous sommes réveillées avec de gros flocons de neiges. Les gens nous répondent à contrecœur alors que nous cherchons notre chemin. Les rues sont vides et les seules personnes dehors se hâtent de se rendre à l’église. Nous cherchons à acheter des Martisor pour Eglantine qui veut en offrir à toutes ses amies. Face aux portes et aux visages fermés, nous rebroussons chemin. Nous mettons les bagages dans la voiture et partons pour Sapanta. En finissant de traverser le centre, nous découvrons enfin un marché de Martisoare et Eglantine a enfin son porte-bonheur.

Elle le met autour de son poignet et le soleil arrive. Nous sommes à la sortie de Sighet qui, elle, restera pour nous une ville grise. Eglantine est enchantée de savoir que son porte-bonheur nous a amené le soleil. De son côté Hortense est plongée dans l’Ipad. Elle a très mal dormi, et Elena avec elle. Nous longeons la frontière avec l’Ukraine jusqu’au fameux village du cimetière joyeux.

En effet à Sapanta, le cimetière dégage une vie incomparable, pleine des joies de la campagne du Maramures. Chaque tombe est ornée d’une croix sculptée et peinte de couleurs vives à l’image de celui qu’elle honore, rappelant son métier ou sa passion, agrémentée d’un petit texte. Métiers à tisser, musiciens, bergers, garagiste ou vétérinaire, toutes les activités de la vie du village y sont imagées. On trouve aussi la mort brutale d’une jeune fille visiblement écrasée par une voiture, la représentation de la tuica dévastatrice pour celui qui s’est pris de passion pour elle et la croix de l’homme qui peint la croix.




Au fond du cimetière, des hommes creusent la terre gelée. La mort ne s’arrête pas. Mais elle trouve dans ce cimetière une expression pleine de respect pour ceux qui ont vécu. Le visiteur ne peut qu’être touché d’être accueilli dans la gaité des couleurs des morts. Au milieu du cimetière, une énorme église est en rénovation. Ses cloches attendent d’être mises en place et les échafaudages de bois jurent au milieu de la beauté des tombes. De l’intérieur s’élèvent les chants de la messe dominicale. Les femmes, jeunes et vieilles, portent la jupe traditionnelle à petites fleurs, le foulard sur la tête assorti. Les hommes sont devant, elles sont derrières, plus nombreuses, armée de manteaux noirs à la gloire de Dieu. Et encore cette vie qui sort avec force des chants et des visages qui pourtant me sont si étrangers.

Hortense n’en peut plus. Nous quittons Sapanta pour gagner au plus vite Baia Mare. Elle s’endort dans la voiture et ne se réveille que deux heures après, lorsque nous arrivons. Les distances ne sont pas longues mais la route serpente sans fin, traversant village sur village, sous le soleil ou dans un brouillard à couper au couteau.

Nous nous fixons dans un grand hôtel de la ville neuve. Hortense et Elena restent dans la chambre à se reposer à défaut de dormir. Eglantine et moi prenons un taxi jusqu’au centre historique. Autour d’une grande place à l’esprit baroque, nous déambulons dans les ruelles et jouissons d’un ciel bleu et du soleil illuminant les façades colorées qui égayent la ville. J’ai repéré deux pensions qui ont l’air plus agréables et humaines que l’hôtel où nous sommes. Demain nous déménageons ! Mais ce soir je profite du wifi de l'hôtel pour mettre à jour le blog depuis l'ordinateur.


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