Visiter l’Opéra de Bucarest avec Georgette, c’est donner
vie à cette usine lyrique. Pianiste russe pétulante, Georgette vibre au rythme
du bâtiment, souhaitant nous montrer le meilleur de ce qu’il contient. Elle
aura le froid contre elle. La répétition du chœur est annulée car les chanteurs
ne peuvent pas chauffer leur voix. A l’instar de ces danseurs étoiles qui cessent
la répétition au moment même où nous entrons. Le bâtiment est trop mal chauffé.
Georgette fait une scène, prétextant le devoir de représentation de l’excellence
de la Roumanie. Elle
n’accepte pas qu’une répétition souffre du froid.
Il faut dire qu’à côté des ateliers des ouvriers de l’Opéra,
danseurs et chanteurs semblent bien lotis. Non averties du froid régnant dans
la plupart des salles des travailleurs invisibles de l’Opéra, nous avons laissé
nos manteaux au vestiaire. Nous nous rigidifions au fur et à mesure que nous
visitons les ateliers de création des décors en papier mâché et en bois, des
costumes, chapeaux et pointes. Nous passons de pièce en pièce jusqu’au dépôt de
ces décors démesurés qui attendent d’être réutilisés.
Cependant c’est sur la scène que l’activité est aujourd’hui la
plus intense. Poser les décors, recoudre les rideaux, essayer les lumières et
les effets spéciaux, l’Opéra prépare la première de Méphistophélès. Assises
dans les fauteuils de velours rouge, nous écoutons Georgette nous raconter les
voix, les caprices de solistes, la rigueur du travail, les contretemps, les
heures de répétitions, le trac et le spectacle.
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