Un show-room ? Certainement. Un musée ? Un peu. Un cabinet de curiosité ? Dans l’esprit.
Nous sommes chez Dan Coma.
Nous poussons la porte et déjà nous entrons dans un autre monde. Un petit chien blanc nous accueille dans la bonne humeur. Sur le mur, des objets traditionnels roumains. Passé l’entrée, des robes de soirée à l’élégance extravagante nous font miroiter un univers onirique plein de fantaisie. Dans la salle principale une grande table centrale invite à faire le tour de la pièce. Sacs et chaussures aux formes et couleurs variées attendent sagement de prendre vie avec les clientes de ce célèbre maroquinier bucarestois.
Gros canapés, chauffeuses et fauteuils au charme ancien appellent à s’installer pour essayer des chaussures de cendrillon ou des bottes en brocard à talons vertigineux. Ouvrez le tiroir de la vieille commode et vous trouverez une collection de ballerines de toutes les couleurs. Cette petite paire noire et rose, douce comme une soirée en amoureux, m’a beaucoup plu.
Dans l’escalier, des robes de mariée. Là de petites tables bottées de bronze. Et partout une collection de poupées Jumeau. Car elles sont habillées et chaussées à la mode de leur époque, dans un travail soigné avec des matériaux de qualité. Dan Coma y trouve une source d’inspiration incroyable. Cet endroit respire la quiétude, baigné d’une douce lumière automnale, comme suspendu dans le temps. Et déjà on se verrait bien avec ce sac en cuir vert foncé dont l’intérieur en fourrure rouge nous attire comme un aimant. Ou ce noir plus sobre avec ses anses camel, so chic. Ou l’extravagant du brillant, le tout-fourrure pour l’hiver, la petite pochette colorée… Voir, toucher, rêver.
Les premiers groupes sont remontés des ateliers en sous-sol. C’est notre tour. Nous ne sommes que quatre. Comme une visite privée. De vieilles photos de Bucarest. « Regardez comme les femmes étaient bien habillées ! » Un uniforme de majordome du Roi Michel. De vieux casques. C’est une plongée dans l’histoire de la Roumanie qui nous mène jusque dans cette pièce où les cuirs de vache, d’autruche, de serpent ou de crocodile sortent leurs couleurs de tous les coins.
Pour moi la pièce maîtresse est cette presse du XIXe siècle qui sert toujours à sculpter des dessins en relief dans le cuir. La plaque de métal est gravée. C’est elle qui imprimera son motif au cuir, coincée dans les mâchoires de la presse aujourd’hui chauffée à l’électricité. Avant elle fonctionnait avec un système de vapeur. Quatre tonnes de pression. Un travail magnifique.
L’incroyable douceur du chinchilla. La souplesse de cette peau de serpent entièrement découpée puis recousue sur du tissu pour recréer le mouvement d’un serpent. Les picots laissés par les plumes de l’autruche. Et ma main qui toujours se promène. L’odeur chaude du cuir. Les piles de semelles. Le bruit de la machine à coudre dans la pièce voisine. Mes sens sont en éveil.
Dan Coma est un artiste.
Il a commencé en travaillant pour le théâtre. Et puis un jour, à Lyon, il tirait un bout de passementerie pour le regarder. A l’autre bout un homme tirait aussi. Ils se sont présentés. L’homme est venu le voir à Bucarest. Avec lui Dan a eu sa première commande à l’étranger. Une pièce en costume du XVIIIe siècle au Théâtre du Capitole à Toulouse.
Il a fallu partir. Mais j’y retournerai la semaine prochaine. Bien obligée ! J’avais oublié de remettre la carte SD dans mon appareil photo…
1 commentaire:
A défaut de photos, on peut aller sur le site :
http://www.dacoma.ro/
;-)
HLB
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