Nous arrivons un peu en retard et retrouvons le groupe à l’entrée du cimetière. Le temps est splendide. Le soleil illumine les feuilles d’automne qui virevoltent au-dessus des tombes en une pluie dorée. Nous sommes dans le plus grand cimetière de Bucarest construit au milieu du XIXe siècle sur un terrain donné à la ville par le baron Bellu.
Ce cimetière est le premier à s’installer à l’extérieur de la ville, délaissant les traditionnels petits cimetières qui se pressaient autour des églises. Les grandes familles de Bucarest s’y font construire de véritables palais pour abriter leurs morts. Elles confient ce travail aux meilleurs artistes de Roumanie. Si bien qu’au détour des allées où la nature est aussi présente que les pierres, nous admirons des architectures variées qui ont finalement en commun une certaine démesure.
Je préfère les vieilles pierres aux constructions plus modernes. Mais j’ai trouvé particulièrement notable le caveau qu’a fait construire une riche famille d’aujourd’hui, avec ascenseur et climatisation. Musiciens, écrivains, aviateurs, peintres, acteurs, riches familles, les tombes croulent sous les feuilles. Les anges veillent sur ce lieu hors du temps. Mais pas hors de la vie. Là une femme qui balaye une tombe, des ouvriers qui réparent une allée, un chien qui erre, le cimetière n’est pas un lieu oublié des vivants. D’ailleurs de petits bancs attendent un peu partout les visiteurs, comme une invitation à rester nous aussi.
De l’histoire de ses occupants je n’ai pas tout retenu. Entre écouter notre guide et prendre des photos mon choix est allé vers les photos. Je passais donc beaucoup de temps à courir ensuite après le groupe. J’ai cependant mis dans ma besace quelques belles histoires, forcément dramatiques. Nous sommes dans un cimetière…
Éternellement sensible à la lumière et aux couleurs, je n’ai pu qu’être interpellée par la profusion des lanternes autour des tombes. J’aimerais avoir l’occasion de voir le cimetière ainsi illuminé lors d’une des deux fêtes des morts.
A l’extrémité sud du cimetière se trouve le carré français où sont inhumés les soldats français morts lors de la première guerre mondiale. Les tirailleurs algériens sont bien présents. Mais leur nombre de soldats inconnus frappe par son importance. Peut-être le seul endroit du cimetière Bellu avec des croissants. Comme nous ne sommes que quelques jours après le 11 novembre, le monument aux morts est tapissé de gerbes de fleurs. De quoi gonfler l’ego de l’énorme coq en bronze qui se dresse fièrement à son sommet.
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