La Hala Matache a été détruite en une nuit. Deux vielles bâtisses de Lipscani se sont écroulées. Les petits monuments qui font la richesse de Bucarest, ces pans de mur de l'histoire d'une ville et d'un peuple sont copieusement abandonnés. Lentement détériorés. Sûrement rayés du cadastre.
Mais le marteau piqueur retentit et la pelleteuse étend son long bras froid pour arracher les derniers morceaux de l'arbre qui avait cru que ce printemps ne serait pas le dernier. A l'atelier d'écriture avec Irina Teodorescu chez Kyralina mardi soir je n'entendais qu'elle. La pelleteuse. Elle sortait de sa cachette sans pudeur et violentait bruyamment l'écorce déjà en lambeaux de l'ultime arbre sur le terrain de l'autre côté de la rue.
Je suppose que bientôt un immeuble morne, gris, moderne, sans âme et sans rêves aura vu le jour en face du cerisier de Kyralina. A l’instar de celui qui se construit à côté de chez mon coiffeur. Il me dit qu'ils ont bientôt fini. Le marteau-piqueur mène la danse. Les pelles raclent les gravats. Les hommes hurlent leurs ordres par-dessus le bruit.
Le bruit de Bucarest est aussi celui de sa métamorphose. Celle d'une ville en mutation, en construction. Il le faut certainement.
Mais Bucarest, s'il te plaît, garde aussi tes petites maisons coquettes, tes palais dissimulés, ton histoire tourmentée !
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