samedi 22 octobre 2011

Le quartier Cotroceni

 

Au 17e siècle les moines orthodoxes s’installèrent sur une colline boisée non loin de Bucarest. Cotroceni tire son nom d’un verbe ancien qui signifie cacher, rapport à cet ermitage où les moines venaient se couper du monde. Deux villages étaient établis dans la région, à proximité de la Dâmboviţa pas encore canalisée.

Du village attaché au monastère il ne reste même plus l’église de Cantacuzène détruite en 1985 par Ceausescu alors que le palais de Cotroceni était devenu une résidence d’état depuis 1977. Ce palais avait été construit en 1888 pour le premier roi de Roumanie, Carol Ier, à la place du monastère originel.

De l’autre village il reste la jolie petite église du 17e perdue au milieu d’une rue, une voie de chaque côté. La porte sculptée est une merveille et les vitraux jettent les rayons du soleil sur les peintures religieuses qui couvrent les murs du sol au plafond. Douceur et spiritualité, pierre, bois et peinture, ce lieu m’a beaucoup touchée.

Nous avions d’abord visité  l’église St. Elefterie. Datant du 18e siècle, elle se trouvait alors sur une île de la Dâmboviţa. Aujourd’hui elle est bordée d’une rue passagère mais sa silhouette rouge et blanche se découvre avec plaisir derrière les arbres aux couleurs de l’automne du square attenant. Outre les peintures et dorures qui ornent ses murs intérieurs, le grand moment de cette visite fût pour moi l’arrivée du prêtre orthodoxe drapé de son phelonion blanc et or, silhouette imposante portant une bible recouverte d’argent, accompagné d’un chant grave, prenant et spirituel, semblant toucher directement le Christ peint au sommet de la coupole.

Dans un registre plus moderne, le quartier de Cotroceni abrite des monuments à la gloire des héros anonymes mais remarquables. D’abord Eroilor Sanitari ( les Héros Sanitaires)qui fût le point de départ de notre visite. Datant de 1932 ce monument fût érigé à la gloire de ces médecins, infirmiers et autres volontaires qui aidèrent les blessés de la première guerre Mondiale.

Cotroceni est le quartier de la médecine. Les rues portent les noms de médecins célèbres. En effet c’est là que le célèbre médecin Charles d’Avila a ouvert l’Académie de Médecine en 1869, apportant à la Roumanie la médecine moderne, ayant mis au service de ce pays ses idées, son savoir et sa force de caractère.

Enfin, devant l’Académie Militaire se trouve le monument Eroilor Patriei (les Héros de la Patrie). Les armées de terre, de l’air et la marine y sont figurées par trois soldats anonymes. Lové dans un arc de cercle en contrebas de l’académie, le monument est cerné à gauche par une fresque représentant l’histoire de la Roumanie, des Daces à l’indépendance, à droite par l’histoire de la Roumanie communiste. 2000 ans d’histoire y ont donc autant de place que moins d’un demi-siècle. Vous l’aurez deviné, ce bâtiment a été érigé sous la dictature de Caucescu (1957).

Pour finir nous avons longé le palais de Cotroceni et admiré la facade de l’Académie de Médecine devant laquelle se dresse la statue de Charles d’Avila. Outre les monuments principaux qui ont rythmé cette visite, nous avons toutes particulièrement apprécié prendre le temps de marcher dans des rues oubliées des voitures, appréciant l’architecture des vieilles maisons aux noms de jeunes filles, les portails en fer forgé et la végétation abondante. Sans oublier d’admirer la jolie fontaine aux lions de l’impasse Costache Negri.

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Première découverte de l'artisanat roumain

Petit moment précieux avec Hortense, nous voilà parties seulement nous deux au Musée du Village. Je voulais voir le marché d’artisanat roumain qui s’y tient tout le week-end. Le ciel est gris mais le temps n’est pas très froid. Hortense est bien emmitouflée et ses yeux rieurs brillent de l’enchantement de se promener.



Dans les cours des maisons ou dans les allées, les artisans exposent leur travail. Poteries, broderies de fils et de perles, œufs peints, icônes sur verre ou sur bois, blouses brodées, tapis et couvertures colorés, masques effrayants, objets en bois sculpté, ceintures de berger en cuir. Je craque pour un superbe manteau en laine rouge bordé de galons noirs venu de Transylvanie. Magnifique !




Au centre de ce village de composition, synthèse de tous les villages de Roumanie, une scène a été installée. Déjà les musiciens et les danseurs sont en place. Hortense et moi nous installons au premier rang. Nous profitons ainsi pleinement de la belle prestation de cette troupe de danse traditionnelle roumaine, joyeuse et enlevée.





S’il nous faut déjà rentrer, j’ai passé un moment délicieux avec mon petit poussin et j’ai envie de partir à la découverte de ces régions de Roumanie à l’artisanat abondant et aux traditions marquées.

Faire des bébés

Eglantine : "on dirait que tu vas faire une bébé là !"
Elle voit que je ne saisis pas.
"Ben oui parce que la dernière fois quand tu as fait Hortense c'est parce que tu as fait un câlin à papa !"
Effectivement j'étais serrée contre Olivier...

Allez, finalement je ne suis pas pressée de lui expliquer comment on fait les bébés.

mercredi 19 octobre 2011

La deuxième de Second Chance

Deuxième visite à Second Chance. Ce ne sera pas la dernière parce que définitivement c'est fabuleux. Le plaisir d'aider ces femmes qui veulent s'en sortir, de partager l'enthousiasme de Cosmina, de faire quelque chose de beau, de se retrouver au milieu de ces villageoises roumaines, d'apprendre la mosaïque, de partager un bon repas et un bon moment avec les copines !

mardi 18 octobre 2011

Paumée avec Van Gogh

Lipscani. Le centre historique de Bucarest. Comme un air de Paris.



Je suis la première. Le temps de commander une limonade et Géraldine arrive avec son groupe photo. Ce soir elles ont pour mission de prendre des clichés de l’ambiance du Café Van Gogh. Quand je les vois équipées de leurs gros appareils je me sens toute petite. Balance des blancs, iso, elles arment leurs machines, confrontent leurs réglages. Je m’intéresse. J’ai au moins l’avantage de ne pas être timide et je regarde comment elles font. Du coup je fais des tentatives. Forcément c’est pas terrible. Et je perds mon œil avec la frustration de ne pas savoir faire.

Les clients n’ont pas envie qu’on les prenne en photo. A leur décharge cette armée de femmes cachées derrière leurs gros objectifs a quelque chose d’imposant dans l’ambiance tamisée de ce café branché. Hauteur sous plafond, art moderne et décalé, moulures et colonnes sculptées, papier cosy des magazines, portes colorées, tintements de verres et brouhaha de soirée, ce café est accueillant et chaleureux. Légèrement irrespirable avec la fumée des cigarettes qui viennent s’entasser dans les cendriers.

Je laisse tomber l’appareil pour croquer les mots sur mon Ipad qui finalement me laisse en rade. Mes mots tombent à l’eau. Drôle de soirée un peu à côté. De la plaque, de la photo et des mots. Je rentre. Demain je vais appeler le prof de photo.

Je laisse Van Gogh avec sa pipe et son bandage regarder le café se vider. Ce soir je dois avoir l'air aussi paumée que lui.

lundi 17 octobre 2011

Parler roumain


Conjuguer les verbes en roumain. Quatre groupes dont deux avec des sous-groupes qui ont des règles différentes, des centaines de verbes irréguliers, des verbes réguliers avec des aspérités phonétiques, des verbes irréguliers avec des aspérités phonétiques, sans compter les exceptions.
Il va me falloir un miracle, une iconostase dans mon salon, un fer à cheval et un trèfle à quatre feuilles ou beaucoup de travail…

samedi 15 octobre 2011

Une journée spéciale

Il y a ceux qui me l’ont fêté en avance, ceux qui m’ont téléphoné, ceux qui m’ont envoyé un mail, ceux qui ont mis un mot sur Facebook, ceux qui me l’ont souhaité un peu après, ceux qui me l’ont souhaité devant l’école, ceux qui me l’ont souhaité en français, en turc, en roumain et même en portugais et ceux qui n’ont rien dit mais qui y ont pensé (enfin j’espère).

Il y a Elena qui est arrivée avec un bouquet de fleurs. Il y a Harmonie et Antonia, ma prof de Roumain, venues avec des cadeaux et avec qui j’ai partagé une bonne tarte aux poires plantée de quelques bougies avant de commencer notre cours. En retard forcément, animé des éclats de rire du cidre savouré avec la tarte.

Il y a Ljiljana et Aurore qui ont improvisé un goûté surprise avec leurs filles parce qu’elles savaient que le mercredi soir je suis toute seule. Gâteau au chocolat, bougies, cadeau, banderole faite par les petites mains des filles de Ljiljana, tout y était. Mon émotion aussi pour cet anniversaire plein d’attention et de gentillesse de celles que je ne connais que depuis quelques semaines.

Il y a Eglantine et Hortense qui m’ont fait des peintures magnifiques et qui mettent tant de soleil dans ma vie.

Mais surtout il y a Olivier qui a ouvert la porte vers 19h, revenu spécialement pour cette soirée avec moi. Il n’aura pas passé la nuit à Pitesti. J’ai mieux compris pourquoi Elena était restée si tard. Il avait réservé une table chez Isoleta, un restaurant italien au bord du lac. Nous y sommes allés à pied, en amoureux, traversant le parc à la lumière tamisée des lampadaires. Verres de bulles, antipasti et tagliatelles fraîches préparées au cœur d’un énorme parmesan puis couvertes de copeaux de truffe. Cerise sur le gâteau d’une soirée avec mon homme, rien que nous, les yeux dans les yeux, la main dans la main alors que les arbres endormis nous regardaient rentrer à la maison.

Attention, tendresse et gentillesse, mercredi j’ai eu 35 ans et j’aime encore plus la vie !

Rodica

Nous nous étions donné rendez-vous pour déjeuner à la maison. D’un nom dans un livre, d’une voix au téléphone, Rodica est entrée dans notre vie quand la sonnette a retentie samedi dernier. Déjà une semaine. Il me semble que c’était hier. Rodica est la femme d’Alex Décotte, l’auteur de « Roumanie insolite », ce livre qui a attisé ma curiosité pour notre nouveau pays d’accueil et qui me l’a fait apprécier avant même d’y arriver.
Rodica et Alex, une belle histoire d’amour qui a su attendre presque vingt ans pour se réaliser. Alex l’amoureux de la Roumanie, Rodica la belle Roumaine. Cheveux sombres, teint clair, les yeux pétillants, j’étais impressionnée de rencontrer cette femme sortie d’un livre. Elle a la chaleur d’un feu d’hiver et Eglantine ne s’y est pas trompée qui l’a tout de suite adoptée. Avec elle Rodica a eu la patience enjouée de l’enseignante aguerrie. Pour nous ce fût un plaisir immense de la recevoir, de discuter et d’échanger sur cette Roumanie qui nous a rapprochés.
Puis j’ai laissé tomber mon programme de l’après-midi pour me rendre avec elle à une exposition de photos montée par sa sœur dans une salle du Musée du Paysan. Réalisée à l'initiative de deux associations de défense du patrimoine architectural de Bucarest, l'exposition avait pour but de sensibiliser les habitants de la ville à la richesse de leurs bâtiments. Ils racontent l'histoire de la ville mais sont copieusement laissés à l'abandon, abîmés puis carrément détruits pour construire des tours modernes et sans âme, nettement plus rentables pour les promoteurs et la municipalité. Pourtant 14% de la ville est classée zone protégée. Mais dans la mesure où la mairie traîne pour en recenser les bâtiments, la porte est ouverte pour les détruire sans bruit.

L'association Salvati Bucurestiul mène des actions juridiques pour sauver l'histoire de sa ville et recense photo par photo les bâtiments censés être protégés. Sur les cartes de l'exposition, le visiteur pouvait situer les maisons en danger. Les photos marquées d'une croix rouge étaient malheureusement désormais la seule trace de cette histoire tombée en poussière sous le coup des bulldozers.

La municipalité n'était pas présente au vernissage de l'exposition. Elle avait été invitée.

Mot d'excuse : j'ai bien noté les noms des associations et de leurs représentants, mais je ne remets plus la main sur ce bout de papier au moment où j'écris ce billet. J'espère donc le mettre à jour prochainement, dès que ce précieux document ressort du fatras de mes sacs.

vendredi 14 octobre 2011

Découvrir la richesse de la Roumanie

La richesse de la Roumanie se cache en grande partie dans ses campagnes. C'est pour la préserver et la mettre en valeur que le Musée du Village a été créé. Des maisons aux églises en passant par les moulins, les fours, les granges et tout ce qui fait la vie rurale, l'essence des villages roumains a été transportée au bord du lac Herastrau dans Bucarest. Ici, pas de reconstitutions. Les bâtiments ont été démontés puis remontés à l'identique. Les inévitables restaurations sont entreprises avec les artisans des régions d'origine afin de ne pas commettre d'erreur, d'utiliser les bonnes techniques.

En quelques pas le visiteur sillonne le pays, de la Transylvanie à la Moldavie, des plaines de Valachie au delta du Danube. Si vous visitez ce musée, vous ferez votre propre itinéraire, découvrant l'intérieur de ces maisons typiques, et les costumes traditionnels de ces villages sur les panneaux explicatifs. Mes impressions se sont personnellement fondues dans un dédale d'idées, de couleurs et de douceur, ignorant la géographie.

Couleur bleue de ces petites fontaines disséminées dans le musée. Douceur d'un puits au milieu des arbres se parant des premières couleurs de l'automne. Saison qui annonce le grand froid de l'hiver où il fera bon boire un verre de Tuica ou de Palinca, ces alcools de prune distillés une ou deux fois que les villageois font eux-mêmes, comme en témoignent les grandes barriques et les distillateurs.


De ces hivers blancs où la neige recouvre tout, où se déplacer devient impossible, sont nées des maisons qui vivent en autarcie. Les vastes greniers et les granges permettent d'y entasser les provisions nécessaires. Et chaque maison dispose dans sa cuisine d'un métier à tisser qui servira à transformer la laine en de belles couvertures chaudes et colorées.



Les toits pentus recouverts de lamelles de bois permettent de faire tomber la neige. Et pour dégeler les clochers des églises, il suffit d'utiliser les ondes sonores. Qui sait bien faire sonner sa cloche saura  faire tomber la glace. Dans la plaine de Valachie où les envahisseurs passent en vagues, seuls les toits de chaume dépassent du sol où les maisons sont à moitié enterrées, parfaitement invisibles lorsque la neige les recouvre. Dans le delta du Danube le bois est plus rare et d'épaisses couches de roseaux recouvrent les maisons blanches sur lesquelles éclatent les huisseries bleues.



Seules quelques maisons autrichiennes ont un toit de tuiles, très bourgeoises au milieux de la mélancolie rustique du reste du musée. Chaque maison a son histoire et ce musée semble pouvoir prendre vie en un souffle. Déjà les potagers sont entretenus, les poules surveillent leurs poussins sous la vigilance de coqs fiers et colorés et les chats viennent se frotter contre nos jambes. Au coin d'une bâtisse nous apercevons une femme qui balaie les feuilles mortes d'une cour avec son balai de branchages. Et je verrais bien une vieille paysanne avec sa longue jupe brodée et son fichu sur la tête derrière les fourneaux d'une maison transylvaine, son homme parti boire un coup à l'auberge.



Je voyais courir les enfants dans les cours protégées de palissades en branchages dont le tressage magnifique doit repousser le mauvais sort. La magie et les légendes se croisent le soir au coin du feu, se transmettent comme un trésor et s'étoffent des bruits du vent et des ombres de la nuit.


La journée la vie bat son plein et chacun accomplit ses tâches, passant de la maison à la grange et du puits au champ. Dans les rues en terre, les voisins se retrouvent, s'abritant sous un portail, s'asseyant sur un banc, dissertant sur les prochaines récoltes, la chaleur de l'été et les filles à marier. Qui sait si la cadette Popescu trouvera son bonheur, exposée dans sa charrette avec sa dote à la prochaine foire aux filles ?



Si les légendes se tissent dans la chaleur du bois, l'Eglise et ses icônes sont partout présents, avec ses saints, ses patriarches et ses patrons, ses chérubins et séraphins. Sur les murs des églises démontables, les peintures naïves d'une grande beauté décrivent l'enfer et le paradis, le jugement dernier et la vie des croyants rythmée par les douze fêtes annuelles.

Si la communauté a un peu d'argent, elle pourra installer une église plus grande et plus riche en icônes. Mais le bois est précieux et l'ancienne église démontée pourra être revendue sur un marché à quelque village voisin. C'est ainsi que l'on trouve en Roumanie des églises en bois portant la mention de leur village d'origine.


Le temps a passé, si vite, si plein des explications de notre guide que je ne l'ai pas vu filer. Ce ne fût finalement qu'une copieuse mise en bouche de prochaines explorations de cette Roumanie au pas de ma porte, de ce village aux milles facettes et 85 maisons.


Merci l'afb pour cette visite !

Mon Hortense en sourires

Petits yeux qui se plissent, fossette qui se creuse, sourire qui fend le visage, éclat de rire de dauphin coquin, Hortense me fait craquer quand elle prend son air fripon-charmeur.

vendredi 7 octobre 2011

Les monastères de Tiganesti et Snagov

Première découverte de monastères roumains, Tiganesti et Snagov, à une quarantaine de kilomètres au nord de Bucarest.

Jadis le monastère de Tiganesti était perdu dans une forêt, près d’un lac. Aujourd’hui la forêt a été réduite à une peau de chagrin mais donne encore un côté majestueux à la route qui y mène. La peinture blanche est éclatante, la pelouse coupée rare, les chemins débarrassés de toute feuille morte. Une sœur nous accueille, toute de noire vêtue et coiffée de sa calotte ronde qui descend légèrement sur le front, protection symbolique contre les flèches du diable.

Nous passons sous le clocher pour apercevoir l’église à la forme traditionnelle de bateau et les mosaïques colorées de sa façade. Ses coupoles sont surmontées d’une croix dont la base est un croissant, souvenir des victoires d’Etienne le Grand sur l’ennemi ottoman, la croix chrétienne écrasant le croissant musulman.
A l’intérieur je découvre l’accumulation des icônes, du sol au plafond, peintures et dorures. Les plus fragiles sont recouvertes d’argent sculpté. Seul le visage de l’icône d’origine apparaît au centre du tableau, comme coincé dans une armure trop grande. Je préfère les fresques de la première partie de l’église. Les couleurs du style naïf des représentations des saints, des patriarches, des fondateurs et des donateurs me parlent avec douceur. Pourtant le bûcher de l’enfer et la tête de mort au pied de Jésus exsangue sur sa croix n’ont rien de délicieux. Les mosaïques de la façade m’enchantent par leurs champs chromatiques et la finesse de l’exécution.





Nous traversons le jardin fleuri derrière l’église pour atteindre l’atelier de tissage. De grands métiers à tisser tendus de milliers de fils sont prêts à produire les riches étoffes de soie et coton des tenues des patriarches. Malheureusement tout est à l’arrêt, comme suspendu dans le temps. Les stocks sont pleins et beaucoup d’étoffes sont aujourd’hui importées de Grèce. Les machines n’ont pas fonctionné depuis trois ans. Qui se souviendra encore de leur manipulation si les sœurs ne reprennent pas le travail bientôt ? Il serait dommage que ce savoir-faire se perde alors que c’est lui qui a permis au monastère de survivre sous le communisme.




Enfin les plus beaux trésors du monastère sont exposés dans son musée. Je suis touchée par la grâce des certaines icônes, dont la peinture légèrement écaillée laisse deviner le bois mais aux pigments encore vifs.



Nous reprenons les voitures pour nous rendre ensuite au monastère de Snagov, à quelques kilomètres seulement de celui de Tiganesti. L’ambiance est très différente. Ce monastère est sur une île au milieu d’un lac bordé de roseaux. Et de maisons aux pontons plongeant dans les eaux calmes du lac. Jusque récemment les visiteurs devaient emprunter une barque pour atteindre le monastère. Depuis environ un an, une passerelle permet de traverser le lac à pied. Nous apercevons les toits du monastère derrière les arbres. En bas de la passerelle des pêcheurs se sont installés sur des barques retournées. Des épis de maïs sèchent au soleil. Des dindons blancs promènent leur mauvaise humeur entre des chiens en liberté.

Le monastère de Snagov est plus ancien que celui de Tiganesti. Etienne le Grand n’avait pas encore bataillé contre les Turc et les croix n’ont pas de croissants à leur base. Les murs du clocher et de l’église sont en briques et pierres, sans peintures ni mosaïques. Le rose des bâtiments est magnifié par le soleil de ce début d’automne.

Il nous est malencontreusement interdit de prendre des photos sous peine d’avoir à payer une amande de 20 euros. Trop cher la photo. Il faudra que vous veniez voir par vous-même les fresques colorées de cette église dont l’intérêt principal reste la soi-disant tombe de Vlad Tepes. Des ossements ont bien été retrouvés dans cette église dans les années 30. Mais les scientifiques et les historiens ne les attribuent pas à ce prince sanguinaire, surnommé l’Empaleur qui régna par la terreur au XIVe siècle et qui serait à l’origine de la légende de Dracula. Reste que les légendes ont la vie dure.





Pour finir cette journée de découverte nous avons déjeuné au complexe olympique. L’occasion de visiter les infrastructures toutes neuves des meilleurs athlètes de la Roumanie.

jeudi 6 octobre 2011

Multicorde

Eglantine joue de la guitare, apprend la musique, chante dans une chorale, fait de la danse et du tennis. Elle trouve pourtant encore l'énergie de sauter partout et de jouer des heures au parc ou à la maison avec des amies après avoir fini sa lecture et son écriture du jour.
Ma Titi muticorde. Chapeau bas.

mardi 4 octobre 2011

Apéro au Barka

Chaque premier mardi du mois l’afb organise un apéro au cours duquel un artiste réalise une œuvre en live. Ce mois-ci c’était Cuzina, artiste plasticienne, qui a réalisé une huile sur toile au couteau. Jets de couleurs qui explosent et se croisent, elle travaille suivant l’inspiration de la couleur et de la matière. Elle finira par une touche bleue généreuse qui canalisera le regard et finira de rythmer son œuvre.

A la fin de la soirée, le tableau est vendu aux enchères. La mise à prix correspond aux frais matériels. Ce soir sa toile est partie à 540 RON (125 €).



Cuzina dispense aussi des cours à domicile pour des groupes de deux ou trois élèves. Elle explore toutes les techniques plastiques, peinture classique ou moderne, collages et utilise tous les matériaux au gré de son imagination créative.

Outre cette performance artistique chaleureuse, je dois dire que le lieu de rencontre était assez surprenant. Peu engageant de l’extérieur avec les chiens sur le trottoir, les murs aux couleurs chaudes du Barka sont recouverts de graffitis travaillés. Les luminaires en fil de fer et papier se finissant par des personnages oniriques sont fabuleux.



Enfin pour qui se trouve loin de la France, La Fourchette a offert une savoureuse sélection de fromages affinés et un foie gras de grande qualité. Ils approvisionnent de nombreux restaurants de Bucarest et peuvent également livrer des particuliers. Olivier a pris la carte…



Pour en savoir plus :
Le site de Cuzina : www.cuzina.ro
Le site La Fourchette : www.lafourchette.ro

Valentina

A la chute du régime de Caucescu en 89 la Roumanie manquait de moyens et les enfants étaient les premiers touchés par la pauvreté, particulièrement les orphelins. Des Français se sont associés pour leur envoyer des vivres, des médicaments et tout ce dont ils pouvaient avoir besoin. Tels sont les débuts de Valentina. Du nom d’une petite Roumaine de 5 ans venue en France pour une grave opération cardiaque et qui n’en est pas revenue.

En 2002 Valentina est devenue une association de droit local roumain. Seule une toute petite structure chargée de lever des fonds perdure en France. Depuis 2005 Valentina loue une maison à deux pas du métro Eroii Revolutiei, dans le sud de Bucarest, à proximité du quartier de Ferentari où vit une grande partie de la population tzigane.




Plus que le tremblement de terre qui m’a réveillé ce matin, la visite de Valentina aujourd’hui a été un vrai choc. A Ferentari les gens vivent dans de vieux blocs décrépis où l’humidité s’insinue partout. Les moins chanceux habitent dans des masures de tôle au sol en terre battue. Les points d’eau sont rares, l’eau chaude absente. Les couloirs des blocs sont glauques. Pas de chauffage. Pas de travail. La municipalité n’y fait même pas ramasser les ordures.

Bien sûr les femmes de l’afb réunies à la Casa Valentina ce matin ne sont pas parties visiter les rues du quartier comme on se promène au musée. De nombreuses photos prises la semaine dernière défilaient sur l’écran de l’ordinateur pendant la présentation du travail de l’association. Sous le soleil de l’été indien, les visages souriant à l’objectif contrastaient avec la vétusté des habitations. Il suffit d’imaginer la neige froide et humide recouvrant tout cela pour se glacer le sang. Comment nettoyer une cuisine ou des sanitaires quand l’eau suinte des murs et du plafond ? Comment trouver travail et dignité quand vous êtes stigmatisés au point d’être oubliés ? Et comment envoyer vos enfants à l’école quand vous avez moins de cent euros par mois pour vivre ?

A ces questions, Valentina essaye d’apporter des solutions. A son échelle bien sûr. L’association est obligée de refuser des familles et demandent à celles qu’elle aide de remplir un contrat moral. Assiduité des enfants à l’école, petits travaux d’intérêts général dans la Casa (maison), un coup de peinture, un peu de ménage, l’aide ne va pas que dans un sens. Finalement c’est aussi ça la dignité.

Valentina aide à la scolarisation de 51 enfants en grande section de maternelle et de 36 enfants en élémentaire. Elle leur assure un repas par jour et les initie aux règles d’hygiène, avec notamment la possibilité de prendre une douche chaude.

Grâce à son atelier de couture MIA, Valentina fournit à quelques femmes motivées une formation diplômante. Mais avant tout elles doivent apprendre à avoir confiance en elles, surmonter la peur de gâcher le tissu ou de mal faire, pour devenir autonomes.



Après la dure prise de conscience de cette réalité si proche, le spectacle fourni par des jeunes filles prises en charge par Valentina a été un franc réconfort. Des danses aux allures orientales aux mouvements du bassin improbables, des visages radieux, bien qu’intimidés par notre venue, elles nous ont offert un peu de leur culture, beaucoup de leurs sourires. Pendant ce temps les garçons, plus timides, sont restés en retrait. Puis c’est avec beaucoup de générosité qu’ils nous ont distribué des cartes en papier qu’ils avaient confectionnées eux-mêmes. Remerciement délicat de notre intérêt.



Pour en savoir plus sur les actions de Valentina, aller visiter leur site : http://www.valentina-romania.ro/fr. N’hésitez pas à les aider, envoyez-leur des dons, passez-leur des commandes, donnez de votre temps !  Je rappelle que tous les bénéfices de la vente des articles créés par l’atelier de l’afb pour le marché de Noël iront à Valentina. Bucakids quant à lui est un dépôt-vente pour enfants également au profit de cette association.



Valentina România
Str. Dârste nr. 4, sect. 5, Bucureşti
Tel./fax. (004) 0213351919
asociatia@valentina-romania.ro 

http://www.valentina-romania.ro/fr

 

lundi 3 octobre 2011

Road movie bulgare

Conduire en Bulgarie donne l’impression de jouer en permanence au chat et à la souris. Le GPS a beau nous indiquer une limitation de vitesse à 90, des panneaux surréalistes annoncent des limitations à 40 ou 60. On nous avait prévenus. Le moindre flic posté au coin d’un bosquet est sûr de faire carton plein. Parce que rouler à 40 sur une ligne droite dégagée en plein campagne, c’est intenable !

Pour contrer le trésor bulgare qui remplit ainsi ses caisses, quelques petits trucs. Ralentir sans réfléchir dès qu’une voiture en sens inverse fait des appels de phares. Les conducteurs solidaires s’entraident ainsi. Et si possible, se caler derrière une voiture bulgare. Beaucoup de chance que le conducteur sache où ralentir.

Nous avons ainsi pu éviter de nous confronter à un flic local. Au cas où, nous avions quand même prévu quelques billets à l’attention de ce gentil fonctionnaire pour éviter la grosse amende.

Le road movie bulgare, c’est quand même beaucoup de stress parce qu’on sait qu’on est toujours en excès vitesse. Ou la désagréable impression d’être une pompe à fric.

Cependant au détour d’une route, ce camion à l’arrière orné d’un énorme FRENCH m’a bien fait sourire.

Le yaourt bulgare

Le yaourt bulgare c’est beau, blanc et froid. Comme cet hôtel où nous avons passé le week-end. Du luxe du sol au plafond mais où manquait une touche de raffinement créatif, des jeux pour les enfants et un peu de végétation. Au moins le golf était magnifique, les massages délassants et en cherchant bien, les filles et moi avons même réussi à atteindre la mer.

Pas évident pourtant sur cette côte Bulgare près de Varna où les falaises se dressent au bord de la mer Noire. J’ai suivi le premier panneau qui annonçait une « ferme de moules ». Non pas que je lise le bulgare dans le texte, ne serait-ce que parce que l’alphabet cyrillique est aussi mystérieux pour moi que les hiéroglyphes d’Egypte. Mais parce que le panneau avait la bonne idée d’être rédigé en anglais.

Nous nous sommes engagées sur une route étroite qui descendait à pic vers le bleu de la mer au milieu de la garrigue. Comme pour accompagner notre enthousiasme, le ciel s’est dégagé, faisant briller les galets blancs de l’étroite petite plage. Bancs en bois et nappes blanches, simplicité et douceur d’un bord de mer qui rappelle la méditerranée, j’aurais adoré manger quelque moules en regardant les mouettes se laisser bercer par les vagues.