vendredi 14 octobre 2011

Découvrir la richesse de la Roumanie

La richesse de la Roumanie se cache en grande partie dans ses campagnes. C'est pour la préserver et la mettre en valeur que le Musée du Village a été créé. Des maisons aux églises en passant par les moulins, les fours, les granges et tout ce qui fait la vie rurale, l'essence des villages roumains a été transportée au bord du lac Herastrau dans Bucarest. Ici, pas de reconstitutions. Les bâtiments ont été démontés puis remontés à l'identique. Les inévitables restaurations sont entreprises avec les artisans des régions d'origine afin de ne pas commettre d'erreur, d'utiliser les bonnes techniques.

En quelques pas le visiteur sillonne le pays, de la Transylvanie à la Moldavie, des plaines de Valachie au delta du Danube. Si vous visitez ce musée, vous ferez votre propre itinéraire, découvrant l'intérieur de ces maisons typiques, et les costumes traditionnels de ces villages sur les panneaux explicatifs. Mes impressions se sont personnellement fondues dans un dédale d'idées, de couleurs et de douceur, ignorant la géographie.

Couleur bleue de ces petites fontaines disséminées dans le musée. Douceur d'un puits au milieu des arbres se parant des premières couleurs de l'automne. Saison qui annonce le grand froid de l'hiver où il fera bon boire un verre de Tuica ou de Palinca, ces alcools de prune distillés une ou deux fois que les villageois font eux-mêmes, comme en témoignent les grandes barriques et les distillateurs.


De ces hivers blancs où la neige recouvre tout, où se déplacer devient impossible, sont nées des maisons qui vivent en autarcie. Les vastes greniers et les granges permettent d'y entasser les provisions nécessaires. Et chaque maison dispose dans sa cuisine d'un métier à tisser qui servira à transformer la laine en de belles couvertures chaudes et colorées.



Les toits pentus recouverts de lamelles de bois permettent de faire tomber la neige. Et pour dégeler les clochers des églises, il suffit d'utiliser les ondes sonores. Qui sait bien faire sonner sa cloche saura  faire tomber la glace. Dans la plaine de Valachie où les envahisseurs passent en vagues, seuls les toits de chaume dépassent du sol où les maisons sont à moitié enterrées, parfaitement invisibles lorsque la neige les recouvre. Dans le delta du Danube le bois est plus rare et d'épaisses couches de roseaux recouvrent les maisons blanches sur lesquelles éclatent les huisseries bleues.



Seules quelques maisons autrichiennes ont un toit de tuiles, très bourgeoises au milieux de la mélancolie rustique du reste du musée. Chaque maison a son histoire et ce musée semble pouvoir prendre vie en un souffle. Déjà les potagers sont entretenus, les poules surveillent leurs poussins sous la vigilance de coqs fiers et colorés et les chats viennent se frotter contre nos jambes. Au coin d'une bâtisse nous apercevons une femme qui balaie les feuilles mortes d'une cour avec son balai de branchages. Et je verrais bien une vieille paysanne avec sa longue jupe brodée et son fichu sur la tête derrière les fourneaux d'une maison transylvaine, son homme parti boire un coup à l'auberge.



Je voyais courir les enfants dans les cours protégées de palissades en branchages dont le tressage magnifique doit repousser le mauvais sort. La magie et les légendes se croisent le soir au coin du feu, se transmettent comme un trésor et s'étoffent des bruits du vent et des ombres de la nuit.


La journée la vie bat son plein et chacun accomplit ses tâches, passant de la maison à la grange et du puits au champ. Dans les rues en terre, les voisins se retrouvent, s'abritant sous un portail, s'asseyant sur un banc, dissertant sur les prochaines récoltes, la chaleur de l'été et les filles à marier. Qui sait si la cadette Popescu trouvera son bonheur, exposée dans sa charrette avec sa dote à la prochaine foire aux filles ?



Si les légendes se tissent dans la chaleur du bois, l'Eglise et ses icônes sont partout présents, avec ses saints, ses patriarches et ses patrons, ses chérubins et séraphins. Sur les murs des églises démontables, les peintures naïves d'une grande beauté décrivent l'enfer et le paradis, le jugement dernier et la vie des croyants rythmée par les douze fêtes annuelles.

Si la communauté a un peu d'argent, elle pourra installer une église plus grande et plus riche en icônes. Mais le bois est précieux et l'ancienne église démontée pourra être revendue sur un marché à quelque village voisin. C'est ainsi que l'on trouve en Roumanie des églises en bois portant la mention de leur village d'origine.


Le temps a passé, si vite, si plein des explications de notre guide que je ne l'ai pas vu filer. Ce ne fût finalement qu'une copieuse mise en bouche de prochaines explorations de cette Roumanie au pas de ma porte, de ce village aux milles facettes et 85 maisons.


Merci l'afb pour cette visite !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir Maïté.

Ah bah voilà, le "musée du village", ça doit être le nom du parc que je t'avais cité dans mon com' du 12 septembre (à l'époque - il y a 2 mois! -, tu ne connaissais pas...).

Content de voir que ça a eu l'air de te plaire... ;-)

D.