mercredi 28 mars 2012

Comme dans un film

Trois jours sans Elena. Je suis repassée en mode maman à temps plein. Pendant qu'Eglantine était à l'école, Hortense m'a accompagnée à un atelier de gravure et a fait des gribouillis dans son livre de Gribouillages (merci Elise) pendant mon cours de roumain. Nous sommes allées au parc à vélo toutes les trois, Hortense sur mon porte-bagage, les rollers de sa grande sœur accrochés à mon guidon alors qu'Eglantine me suivait en maîtrisant parfaitement son deux-roues. "Maman c'est trop facile le vélo !"

Elles ont joué au badminton (Decathlon fait des super raquettes pour les petits), regardé des films, écouté des histoires, râlé un peu et rit beaucoup. Elles sont canon mes louloutes ! La vie avec elles, c'est comme un film sur grand écran, avec actions et sentiments... sans le bouton off.

Demain le cinémascope en 24/24 prend fin, Elena revient. Rangez vos mouchoirs, les courts-métrages c'est bien aussi non ? Et puis ça permet de variez les plaisirs.

Avant d'aller dormir je vous laisse avec ma star, les yeux dans le vague, qui se fait une toile sur écran plat. Et mon meilleur espoir féminin qui se la joue sérieuse joueuse de badminton. Je vous l'ai dit, elles sont canon !








mardi 27 mars 2012

Expo sculpture à Galatea

Vous vous souvenez de Nicolae Moldovan, ce sculpteur qui nous accueille dans son atelier pour nous initier au travail de la terre d'Harghita ? Jeudi soir à 18h aura lieu le vernissage de sa première exposition entièrement personnelle à la galerie Galatea (Calea Victoriei 132). Les oeuvres présentées auront délaissé les civilisations préhistoriques pour se plonger dans l'art contemporain minimaliste. Des formes épurées, mélangeant la céramique, le métal et le bois, des rondeurs accidentées, un jeu de noir et blanc, nous on adore ! De sigur, j'irai y faire un tour.

Plus d'infos ici :


Slanic

A Slanic vous trouverez du sel. Il suinte des collines. Il est exploité depuis l'Antiquité et les anciennes galeries écroulées ont formé de petits lacs d'eau salé où il fait bon se baigner en été. Flottaison garantie !
J'y suis allée avec les filles et des amis voilà dix jours. Nous avons mangé en terrasse, en tee-shirt, les lunettes de soleil sur le nez. Il ne fallait cependant pas quitter ses grosses chaussures pour courir après la filles. Trop heureuses de patauger dans la dernière neige en train de fondre.




Colours of Romania

Voici mes trois photos préférées présentées au comité de sélection du livre. Vous saurez bientôt la ou lesquelles ont été retenues !




Photographies de photographes

Je ne suis pas certaine d'avoir déjà évoqué sur la Cafetière le livre Colours of Romania. Il s'agit d'un livre de photos réalisé par des femmes expatriées en Roumanie. Elles sont amatrices de photo et aiment ce pays au point que depuis deux ans elle publient chaque année un livre au profit d'associations caritatives. Le thème cette année est "Colours of Romania". Il y aura une petite bio de toutes les participantes avec une photo. Alors Meghan, qui est la seule pro d'entre nous, a fait deux séances de portraits pour que chacune soit belle dans le bouquin. Pas facile cependant d'être détendue quand tant d'objectifs pointent sur vous..





@418


Le Dr. Joana Grevers est née en Roumanie, a grandi en Allemagne, a fait de brillantes études, est polyglotte et nous a donné une conférence passionnante sur l’art abstrait roumain. Replacé dans le contexte international du XXe siècle, elle nous a fait découvrir le seul peintre roumain qui s’était tourné vers l’abstraction alors même qu’aucune communication ne lui permettait à l’époque de connaître ce nouveau courant. Romul Nutiu est vraiment arrivé à l’art abstrait par un sentiment et une recherche personnels. Il est en cela un cas unique à l’est du Rideau de Fer où prévalait alors le réalisme soviétique.
 
Merci à Karianne et à l’afb pour cette découverte !

Karianne et Joana Grevers devant une œuvre de Romul Nutiu.


Voici aussi une vidéo (en roumain) sur l'exposition que nous avons admirée à la galerie 418 (www.418gallery.com) que gèrent Joana Grevers et Guy Williamson :

samedi 24 mars 2012

Visions du matin

Il est 7h30, j'ai failli mettre du vinaigre dans la pâte à crêpe au lieu de la fleur d'oranger. Je suis réveillée depuis 4h du mat, heure à laquelle Hortense est tombée de son lit. J'ai essayé de me rendormir mais elle a fait un cauchemar. Le temps de la rassurer, Jeanne et Eglantine se sont réveillées. Il faisait déjà jour. Nous voilà toutes les trois dans l'atelier. Hortense s'est rendormi. Je ne sais même pas pourquoi mes yeux sont ouverts.

Quoi que... Ce doit être pour contempler ces deux têtes blondes qui regardent Merlin l'enchanteur ensemble sur l'iPad. Jeanne tient le doudou-mouton-anti-cauchemar-tout-doux que je lui ai fait hier soir. Eglantine attend que je finisse son chat. Après les crêpes.
Il est 7h35. La journée commence tôt, la journée commence bien. Je n'ai pas mis le vinaigre dans la pâte à crêpe, Hortense dort, Eglantine joue avec sa copine, le soleil brille.

Et puis comme ça je suis déjà prête pour perdre une heure de sommeil demain matin.

samedi 17 mars 2012

Talent de papier


J'ai bossé dur cette semaine pour terminer la papoucha d'Hortense (papusa, c'est la poupée en roumain) et le lapin de pâque d'Eglantine. Avec la pinata du carnaval 2011, quelques coupelles et bâtons de pluie, ils étaient ma participation à l'exposition "Nos membres ont du talent" 2012 de l'afb.

Pour moi qui me fait surtout plaisir en bricolant mes bidouilles, ça a été un vrai plaisir de découvrir que tant de gens les ont appréciées. Mais ce soir je suis bien contente que tout ça soit passé et que les filles soient couchées. Maintenant à mon tour d'apprécier une bonne bière en bouquinant sur le canapé.

Titi sur seine

Elle connaissait bien sa chorégraphie et était impatiente de se produire sur scène. Avec ses trois copines Eglantine s'est éclaté sur la Seine d'un Monstre à Paris à l'occasion de la journée "Nos membres ont du talent" de l'afb. Je vous laisse regarder.

lundi 12 mars 2012

Dent qui bouge

Eglantine l'attendait depuis des mois. Chaque dent perdue par une de ses amies lui fendait le cœur. Je vous laisse donc imaginer sa joie quand elle s'est aperçu jeudi matin qu'une de ses dents, enfin, bougeait !

Ce qui est un peu dommage, c'est que comme cette année elle a découvert que le Père Noël n'existe pas, et que ce sont les parents qui cachent les œufs de Pâques, elle n'était pas vraiment convaincue qu'une Petite Souris allait vraiment venir échanger sa dent contre une pièce pendant la nuit. Heureusement, Eglantine aime les histoires qui mettent de la magie dans nos vies. Alors même si elle sait que nous jouerons les petites souris à minuit, je suis certaine qu'elle sera toute excitée en cachant sa dent sous son oreiller le soir avant de se coucher.

Quand elle aura perdu sa dent... ;-)

La Bucovine en touloupe


La route serpente entre les hauts sapins, la neige et le
ciel bleu. Peu de trafic, quelques camions et de nombreuses charrettes tirées
par de braves chevaux ornés des traditionnels pompons rouges porte-bonheur. Je
n’ai malheureusement pas le temps de m’arrêter prendre des photos. Ou disons que
je suis déjà bien fatiguée et que je n’ai plus le courage d’aller chercher mon
appareil à l’arrière de la voiture. Les heures de route s’accumulent et j’ai
hâte d’arriver. Je vais rendre visite aux artisans touloupiers du nord de la Bucovine.









Je me permets ici une petite parenthèse. J’ai beau chercher
dans mes dictionnaires et sur internet, je ne trouve pas le mot « touloupier ».
La touloupe étant une veste en peau venant de Russie, le touloupier devrait
donc être celui qui la fabrique. A l’instar du texte de présentation des
artisans de 100% RO (dossier de presse), je ne trouve pas d’autre terme pour
parler de ces paysans de Bucovine qui réalisent encore ces vestes en agneau
retourné et astrakan, et les ornent ensuite de magnifiques broderies. Si quelqu'un a un meilleur mot, laissez-moi un commentaire sur le blog !





Les touloupiers sont rares. Ils sont vieux. Et personne n’a appris leur
savoir-faire. Comme une belle langue morte, la touloupe roumaine finira dans
les musées quand ils disparaîtront. Car leurs enfants sont à l’étranger ou ont
choisi des métiers moins ingrats, qui rapportent plus. Plus personne ne parlera
le langage de cet artisanat traditionnel. Tant qu’ils sont là, leurs yeux
racontent, leurs mains aussi. Les peaux s’amoncellent aux pieds d’antiques
machines à coudre. Dans un coin un énorme soba
réchauffe paisiblement la pièce. Couvert de céramiques  sculptées, ce poêle massif en brique
réfractaires assure une douce chaleur,
servant parfois de cuisinière.







Chez Ileana et Traian Nicolaica, dans le village de
Fratautii Vechi, une forte odeur animale nous saisit à la gorge quand nous
entrons dans l’atelier. Ileana, petite bonne-femme  aux yeux bleus, a le regard qui brille et le
sourire lumineux.  Un fichu sur la tête,
quelques dents en or, un tablier fleuri et une coquette broderie au col de sa
blouse que l’on aperçoit sous son épaisse polaire verte. Elle tient dans ses
mains le motif compliqué d’une broderie de perles qu’elle est en train de
réaliser. De l’autre côté du soba, sous la lumière de la fenêtre, Traian coupe
et coud les peaux. Un bon gros pull, un bonnet sur la tête et des lunettes sur
le nez, il est penché sur son ouvrage. Les outils sont rustiques, les vieilles
mains sont agiles et une merveille prend forme dans ce coin reculé de la
Roumanie. Je me sens réellement chanceuse de rencontrer ce couple chaleureux. J’ai
oublié l’odeur. J’ai hâte de revenir passer plus de temps avec eux.
















Car déjà nous reprenons la route pour nous rendre chez
Constantin Juravle, à Straja. L’orange des derniers rayons du soleil réchauffe
la neige et donne encore plus de vie aux tendres couleurs des bâtiments. Dans
son atelier les vestes en cours de réalisation sont alignées sur un mur. On a
envie de les caresser.  Sous la fenêtre
une vieille Singer à pédale semble attendre son maître comme un bon chien de
ferme. Dans la pièce voisine, Constantin nous montrera avec passion cette
ancienne veste à la peau très abimée mais dont la broderie est absolument
magnifique. Il va coudre une nouvelle veste pour y appliquer cette merveille.
La touloupe est un artisanat bien vivant. Mais pour combien de temps ?


















 Nous partageons un café avant de reprendre la route pour Bucarest. Cette visite a été trop rapide. Je sais que j'y reviendrai. Ne serait-ce que pour récupérer la veste que j'ai commandée pour une amie. Mais surtout parce que la Bucovine est riche d'encore bien d'autres artisanats, dont les fameux œufs peints. Et comment passer sous silence les monastères aux fresques colorées qui jalonnent cette région ? Le printemps va m'appeler de nouveau sur les routes !

L'oncle et la Securitate


En 1946 dans le village de Salva, à côté de Nasaud, Virginia Linul était une enfant quand se déroulèrent les élections. Son oncle était un membre actif du Parti du Paysan qui gagna largement contre le parti communiste. On lui demanda cependant de signer un procès verbal inversant les résultats de l’élection. Dès lors, il devint un ennemi du régime que la Securitate devait éliminer. Ses enfants furent renvoyés de l’école.

Sa famille se mobilisa pour le protéger durant les dix-huit années qui suivirent. Il se cacha dans la forêt. Virginia marchait sur les feuilles quand elle le ravitaillait, pour ne pas laisser de traces. En effet la Securitate ne relâchait pas sa vigilance pour traquer ceux qui s’opposaient au régime communiste. Ceux qui étaient capturés ne revenaient jamais de la tristement célèbre prison de Gherla. Son cousin s’est caché durant trois semaines avec lui. Mais sa famille a eu peur et lui a conseillé de se rendre, espérant ainsi la clémence des autorités. Ils ne l’ont jamais revu.

L’oncle ne restait pas tout le temps dans la forêt. Il allait aussi travailler dans les champs. Il se déguisait alors en femme pour ne pas être reconnu. Il portait plusieurs jupes qui, bien  réparties au niveau des fesses, donnaient l’illusion d’une silhouette de femme. Lorsqu’il sortait ainsi de la forêt pour venir travailler, l’oncle se cachait dans les maisons un peu à l’écart du village. Comme la police fouillait les sacs des enfants qui quittaient le village, ils justifiaient la nourriture qu’ils transportaient comme le ravitaillement pour leurs pères qui, à cette saison, vivaient dans les pâturages plus haut dans la montagne. La nourriture était emballée dans du papier journal et l’oncle pouvait ainsi suivre les nouvelles et lire des documents. Ainsi c’est lui qui annonçait inlassablement le retour de la liberté et leur demandait de ne pas s’inquiéter.

L’oncle mourut en 1974, bien avant la chute du régime. Il avait demandé à sa famille de l’enterrer au pied d’un gros arbre de manière à se rappeler l’endroit sans prendre le risque de la publicité du cimetière. Jusqu’en 1996 une croix indiquait sa sépulture.

dimanche 11 mars 2012

Grosse fatigue

Les kilomètres s'additionnent, les petits pets sur mon pare-choc aussi, et mon corps réclame du repos. Depuis vendredi, loin de regagner de l'énergie, je me suis mise en veille. Le temps de laisser repartir la machine pour écrire ces textes qui, je l'espère, vous donneront à rêver ce pays qui m'enchante.

En attendant, je retrouve mes doudous. Hortense a mal vécu mon absence et il a fallu que la rassure beaucoup ce week-end. Mais elle se sent mieux et a laissé son père la coucher ce soir. Eglantine aussi est bien contente que je reste à la maison. Elle a pu faire sa soirée pyjama avec sa grande amie Yael hier. Je leur avait préparé un pique-nique aux petits-oignons qu'elles ont dégusté entre elles dans la chambre, à la lumière des guirlandes, devant le tipi.

Cette semaine, écriture, cours de roumain, découverte de l'art moderne roumain, sculpture et gravure. Non, décidément je ne m'ennuie pas en Roumanie !

Restez en ligne dans les prochains jours, je vais vous en écrire plus sur mes belles rencontres des dernières semaines.

jeudi 8 mars 2012

Cluj

Arriver à Cluj en fin d'après-midi et découvrir la douceur de cette ville illuminée par le soleil.

Je suis allée rejoindre Andra (la directrice de studio de 100% RO) qui présentait hier sa collection de doctorat dans son université. Se garer à Cluj est un exercice compliqué mais marcher dans la ville est un vrai bonheur. Cluj est une ville aérée. Les rues sont des poèmes dont les façades bourgeoises sont les mots. Les couleurs pastels donnent une grammaire harmonieuse ponctuée par la vie estudiantine.

Ici un café, là un salon de thé ou une librairie. Dans les rues les marchands de fleurs du printemps proposent tulipes et crocus à offrir aujourd'hui, journée de la femme et fête des mères. Au pied de la statue de Matei Corvin (Matthias I, roi de Hongrie au 15e siècle), quelques dizaines de manifestants scandent leurs slogans pour demander la démission du président Basescu et agitent avec ferveur leurs grands drapeaux roumains.

Andra m'a montré son université qui occupe la maison où est né Matei Corvin. Ils ont su préserver son architecture et les nombreuses statues finissent de donner à l'endroit une touche artistique propice à stimuler le travail de ces apprentis de la mode.

vendredi 2 mars 2012

Les défis de Mihai

Voilà plusieurs années, alors que nous étions encore au Portugal, je demandais à une amie roumaine comment était son pays. Elle m'a répondu que c'est le pays idéal quand tu aimes la nature et la montagne. Je suis une citadine. Et nous sommes allés en Turquie.

Maintenant nous sommes en Roumanie et je pars faire des voyages photo dans la montagne et la neige. Ils sont loin les pavés parisiens. Chaque voyage avec Mihai est un nouveau défi, aussi bien photographique que sportif. Si je pense que j'ai bien intégré les histoires d'ouverture, de vitesse et d'ISO, j'ai encore bien du mal à me sentir à l'aise avec cette montagne qui ne m'est pas familière et cette neige qui me noie depuis des mois. Après les heures de conduite jusqu'à la frontière ukrainienne, mon genou n'est pas au meilleur de sa forme et j'avais remis mon attelle hier pour venir jusqu'à Magura. Elle m'a bien aidée aujourd'hui mais la neige profonde et facétieuse a eu raison de mes dernières forces. La nature s'en est mêlé soufflant un vent violent, nous poussant à la rupture d'équilibre, alors que les nuages balayaient le ciel, jouant avec les reflets du soleil. Et parce que cette journée devait nous réserver encore bien des surprises, nous avons du escalader un chasse-neige pour continuer notre route, avant de profiter de la charrette de deux paysans pour faire un bout de chemin. Douche chaude, gel anti-inflammatoire, une bière, un bon dîner et seules restent les courbatures naturelles des sept heures de marche de la journée.

En gros vous l'aurez compris, j'en ai marre de la neige ! Mais comment ne pas savourer ces rires partagés, les glissades pour descendre la montagne au plus court, les situations impromptues, la chaleur des rencontres, la compagnie des chiens, des moutons ou des chevaux ? Je vis lors de ces séjours des instants inoubliables. Les hommes aux pantalons rapiécés, l'odeur de la bergerie jusqu'au plus profond des os, les moutons à la fourrure épaisse, les dents en or, les dents en moins, les yeux bleus, les chapeaux d'astrakan, la fondue savoyarde, la visinata (liqueur de cerise), l'afinata (liqueur de myrtilles), les meules de foin recouvertes de neige, les maisons en bois, les vieilles fenêtres et le linge suspendu au-dessus de la neige. Est-ce que finalement je vais aimer la montagne et la neige ? ;-)














jeudi 1 mars 2012

Magura

Quelques heures de route et nous arrivons au pied du parc de Magura. Nous sommes trois 4x4. Pus de route. Un chemin de terre recouvert de neige serpente dans la montagne au milieu des arbres. Finalement nous arrivons au village de Magura où nous attends une pension cossue. Depuis la fenêtre de ma chambre, j'aperçois les derniers rayons du soleil sur la montagne en face. Dommage que la météo nous annonce de la neige pour demain...