lundi 16 juillet 2012

Fabrica de Arta


De l’artisanat à l’art ou de l’art à l’artisanat, pourquoi choisir ? Dès septembre je m’installe avec Zoita dans son nouvel atelier pour écrire sur les artisans et continuer mes cours de peinture. Juste à côté de l’énorme bâtiment du Parlement, Jan Albu s’est installé dans le bâtiment administratif de l’ancienne usine de bière Rahova. A en croire les derniers calendriers sur les murs, l’usine n’est désaffectée que depuis 2002. Mais les squatters qui ont occupé les lieux cette dernière décennie ont arraché tout ce qui avait de la valeur, des moulures aux radiateurs en fonte. Et si l’ascenseur a disparu de sa cage et que la rampe du grand escalier est partie voir du pays, il n’en reste pas moins des murs solides et de magnifiques planchers. Baigné de lumière, le bâtiment laisse entrevoir une grandeur décatie, du temps où il était encore un palace.


La future galerie d'art


Le nouveau propriétaire du lieu a donné carte blanche à Jan Albu pour redonner vie à ce bâtiment et en faire un centre de création et d’exposition de l’art contemporain. Jan a installé son atelier au rez-de-chaussée, Zoita est au premier étage. Deux autres artistes partagent cet espace avec eux. Zoita, ou Delia, nous invite à utiliser une des nombreuses pièces de son nouvel espace pour peindre avec elle. Ce que nous ferons dès la rentrée. Elle m’autorise également à venir écrire dans cet espace, loin des perturbations de la maison. Je peux donc dire aujourd’hui que j’ai un bureau. Quelle nouvelle ! Et quelle aventure ! Il y a tout à faire dans ce bâtiment et je sens que cette histoire va être pleine de rebondissements. Déjà Delia nous promets plein de changements pour septembre car ils vont tous travailler d’arrache-pied pendant l’été pour restaurer le bâtiment.


L'atelier de Jan Albu


En attendant, ce lieu a déjà un charme incroyable. Dans une végétation sauvage qui a envahi le parc, nous garons nos voitures sous de grands arbres. De vieux chiens écrasés par la canicule nous regardent de leur air débonnaire. Un bureau esseulé prend le frais sous les feuillages. Jan Albu nous attend devant la lourde porte en verre et fer forgé. J’aime déjà ce lieu. Le café est servi. Delia a amené un gâteau aux pommes. Nous nous installons dans l’atelier de Jan, au milieu des pinceaux et de ses tableaux. Roumain, anglais, français, nous discutons. Jan, c’est le minotaure. Il hante ses tableaux comme le labyrinthe de Dédale. Dans un bruit de couleurs dont les couches successives apparaissent par grattage, les personnages de ses tableaux se confrontent. Les traits fourmillent. La vie prend forme entre force et violence, symbolique et étrange, belle et choquante. Qui mieux que lui peut redonner vie et couleur à ce bâtiment maltraité ?


Jan Albu

Delia nous accompagne, nous guide et nous accueille dans cet espace dont elle fait déjà partie. Il n’y a pourtant que deux semaines que l’installation a commencé. Mais ce lieu a une dynamique étonnante, qui se marie bien aux œuvres des artistes qui y sont installés. Nous nous sentons honorées que Delia nous prenne avec elle, nous fasse partager cet endroit.

Quand les peinture de Zoita prennent possession des murs.


Dans les étages, les vielles plaques indiquent encore les fonctions de chaque pièce. Archives, bureau du directeur, comptabilité… De vieilles cartes de travail avec les photos des employés traînent encore sur un bureau plein de poussière. Là ce sont les étiquettes abandonnées qui s’amoncellent au bas d’un escalier. Camille, 10 ans, joue les archéologues. Les mains dans la poussière, il cherche les traces des anciens occupants dans un enthousiasme communicatif. Sophie accumule tout ce qu’il trouve dans « notre » atelier. Elle a déjà en tête un collage avec tous ces morceaux de vie. Delia semble  heureuse de nous voir succomber au charme du lieu. Les projets fusent pour la rentrée.



Vues de l'atelier de Zoita


Nous nous quittons le sourire aux lèvres. Rendez-vous pris en septembre pour continuer l’aventure !

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