De l’artisanat à l’art ou de l’art à l’artisanat, pourquoi
choisir ? Dès septembre je m’installe avec Zoita dans son nouvel atelier pour écrire sur les artisans et continuer mes cours de peinture.
Juste à côté de l’énorme bâtiment du Parlement, Jan Albu s’est installé dans le
bâtiment administratif de l’ancienne usine de bière Rahova. A en croire les
derniers calendriers sur les murs, l’usine n’est désaffectée que depuis 2002.
Mais les squatters qui ont occupé les lieux cette dernière décennie ont arraché
tout ce qui avait de la valeur, des moulures aux radiateurs en fonte. Et si l’ascenseur
a disparu de sa cage et que la rampe du grand escalier est partie voir du pays,
il n’en reste pas moins des murs solides et de magnifiques planchers. Baigné de
lumière, le bâtiment laisse entrevoir une grandeur décatie, du temps où il
était encore un palace.
La future galerie d'art |
Le nouveau propriétaire du lieu a donné carte blanche à Jan
Albu pour redonner vie à ce bâtiment et en faire un centre de création et d’exposition
de l’art contemporain. Jan a installé son atelier au rez-de-chaussée, Zoita est
au premier étage. Deux autres artistes partagent cet espace avec eux. Zoita, ou
Delia, nous invite à utiliser une des nombreuses pièces de son nouvel espace
pour peindre avec elle. Ce que nous ferons dès la rentrée. Elle m’autorise
également à venir écrire dans cet espace, loin des perturbations de la maison.
Je peux donc dire aujourd’hui que j’ai un bureau. Quelle nouvelle ! Et
quelle aventure ! Il y a tout à faire dans ce bâtiment et je sens que
cette histoire va être pleine de rebondissements. Déjà Delia nous promets plein
de changements pour septembre car ils vont tous travailler d’arrache-pied
pendant l’été pour restaurer le bâtiment.
L'atelier de Jan Albu |
En attendant, ce lieu a déjà un charme incroyable. Dans une
végétation sauvage qui a envahi le parc, nous garons nos voitures sous de
grands arbres. De vieux chiens écrasés par la canicule nous regardent de leur
air débonnaire. Un bureau esseulé prend le frais sous les feuillages. Jan Albu
nous attend devant la lourde porte en verre et fer forgé. J’aime déjà ce lieu.
Le café est servi. Delia a amené un gâteau aux pommes. Nous nous installons
dans l’atelier de Jan, au milieu des pinceaux et de ses tableaux. Roumain,
anglais, français, nous discutons. Jan, c’est le minotaure. Il hante ses
tableaux comme le labyrinthe de Dédale. Dans un bruit de couleurs dont les couches
successives apparaissent par grattage, les personnages de ses tableaux se
confrontent. Les traits fourmillent. La vie prend forme entre force et
violence, symbolique et étrange, belle et choquante. Qui mieux que lui peut
redonner vie et couleur à ce bâtiment maltraité ?
Jan Albu |
Delia nous accompagne, nous guide et nous accueille dans cet
espace dont elle fait déjà partie. Il n’y a pourtant que deux semaines que l’installation
a commencé. Mais ce lieu a une dynamique étonnante, qui se marie bien aux œuvres
des artistes qui y sont installés. Nous nous sentons honorées que Delia nous
prenne avec elle, nous fasse partager cet endroit.
Quand les peinture de Zoita prennent possession des murs. |
Dans les étages, les vielles plaques indiquent encore les
fonctions de chaque pièce. Archives, bureau du directeur, comptabilité… De
vieilles cartes de travail avec les photos des employés traînent encore sur
un bureau plein de poussière. Là ce sont les étiquettes abandonnées qui s’amoncellent
au bas d’un escalier. Camille, 10 ans, joue les archéologues. Les mains dans la
poussière, il cherche les traces des anciens occupants dans un enthousiasme
communicatif. Sophie accumule tout ce qu’il trouve dans « notre »
atelier. Elle a déjà en tête un collage avec tous ces morceaux de vie. Delia semble
heureuse de nous voir succomber au
charme du lieu. Les projets fusent pour la rentrée.
Vues de l'atelier de Zoita |
Nous nous quittons le sourire aux lèvres. Rendez-vous pris
en septembre pour continuer l’aventure !
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