vendredi 12 juillet 2013

Rencontres de rue



Longue  jupe à fleurs et tablier à carreaux, cheveux noirs remontés à l’arrière de la tête en un chignon sommaire, elle tient un bouquet de lavande dans sa main gauche alors qu’elle parle tranquillement dans son téléphone portable. Entre ses jambes, un grand panier d’osier où sont disposées quelques gerbes de lavande, des cônes de papier journal prêts à accueillir les petites graines odorantes en vrac, un gobelet en carton pour les servir, un morceau de covrigi pour le petit creux de 11h.

Le distributeur de billets où je me trouve est inondé d’une odeur de lavande. C’est pour ça que je la remarque. Comme des centaines d’autres femmes dans Bucarest, pas vraiment vieille, pas vraiment belle malgré ses yeux clairs, ni vraiment moche malgré quelques poils au menton et un gros grain de beauté à côté du nez, elle vend à la sauvette sa petite production. Elle retournera dans sa masure quand elle aura tout vendu ou rangera prestement sa marchandise au passage de la police.

Je lui achète quelques bouquets. Elle m’en donne deux fois la quantité pour le même prix. Je le lui rends et préfère la pendre en photo. Même si celle-ci ne rend pas honneur à la poésie de cette odeur de lavande sous le soleil des rues de Bucarest.



Quelques mètres plus loin, une femme sans dents avec deux gros chiens et une robe à fleurs colorée regarde mon 6D avec envie. "Prends-moi en photo avec mes enfants !" me demande-t-elle. Le vendeur de journaux nous regarde et sourit avec bienveillance. J’imagine qu’il connaît cette femme qui doit souvent se promener dans le quartier avec ses "enfants". Un des deux chiens est parti avant que je ne prenne la photo. La femme s’est accroupie auprès de son chouchou pour une photo complice avec l’être qui lui est le plus cher au monde. Elle rayonne.



Une jeune femme filiforme, pantalon cigarette sur talons hauts, chemisier vaporeux et longues boucles souples traverse avec indifférence le passage piéton à côté. C'est Bucarest.

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