vendredi 10 juin 2011

Dernières nouvelles d'Hortense

Hortense a passé quelques jours difficiles avec la sortie de quatre molaires et un vilain rhume. Mais ce matin elle avait retrouvé son sourire enjôleur et coquin, attrapant sur la table tout ce qu'elle voulait manger, remplissant sa bouche de fromage, concombre et tomates. Mon bébé devient petite fille. Ses cheveux poussent, rebiquant aux pointes. Ses gestes se précisent et elle apprend à manger toute seule.
C'est d'un pas décidé qu'elle se promène dans le jardin et sait faire comprendre qu'il est temps d'aller faire un tour. Elle s'assoit dans la poussette ou donne à Hatice ses chaussures.
Ses yeux noirs sont grands ouverts sur le monde, pétillent d'intelligence et se ferment plein de fatigue pour plonger dans les rêves chaque soir.

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mardi 7 juin 2011

6 ans !

Comme il y a six ans le 6 juin tombe cette année un lundi. Mais au lieu de me rendre à la maternité en début d'après-midi, je suis allée rejoindre ma grande fille qui fêtait son anniversaire à l'école, profitant ainsi de ses amies turques Lara, Melise, Iren, Basak, Ada et j'oublie les autres prénoms.

Cumalakizik

Cumalakizik est un vieux village ottoman préservé de l'urbanisation bétonnée des dernières décennies. La mairie de Yildirim prend soin de rénover petit à petit ce joyeux architectural. et par grosse chaleur il fait bon déambuler dans ses ruelles pavées que dévale l'eau de la montagne. Les vieilles maisons ottomanes affichent tous les tons de bleus et de vert autour de leurs lourdes portes aux poignées travaillées. Les jeunes feuilles du printemps diffusent le parfum du chèvrefeuille. Les roses font de leur pétales colorées la ponctuation de ce poème grandeur nature.

Les vieux regardent passer les touristes. Les chats errent dans les vieilles pierres et les tracteurs se reposent à l'ombre des murs décrépis.



Nous continuons notre chemin jusqu'à Mavi Boncuk, un restaurant dont on a m'a souvent parlé comme l'endroit où aller prendre un petit déjeuner. A l'écart des autres restaurantS au fond d'une petite ruelle, nous avons trouvé un havre de paix et de verdure où les Mavi Boncuk, ces décoration typiquement turques sensées détourner le mauvais œil, étaient déclinées sous toutes leurs formes.


Houspillés par des chats avides d'un peu de nourriture, nous avons partagé un copieux petit déjeuner turc. Avec ses fromages, son miel et ses olives du village il a régalé nos papilles. Nous l'avons arrosé du thé classique de la mer Noire, servi dans un magnifique samovar, tartinant le pain de campagne légèrement grillé sur le feu de kaymak (une crème épaisse savoureusement grasse) et de confitures maison. Des œufs brouillés avec un peu de fromage et de saucisse et des gözleme un peu épicés ont fini de caler nos estomacs enjoués par tous ces produits.



Amies

Je regarde les photos de l'anniversaire d'Eglantine et je vois mes copines. Toutes ces amitiés qui se sont liées ces dernières années voire ces derniers mois. Et comme sur ce bateau que j'avais fait pour les anniversaires d'Eglantine et Aksel, j'espère que ces liens vogueront encore longtemps sur les mers du monde, rayonnant depuis la Turquie vers d'autres horizons.

Princesses et pirates, un bel anniversaire

Pour son dernier anniversaire en Turquie, j'avais envie qu'Eglantine garde un souvenir magique de sa fête. Comme Aksel fêtait ses 8 ans en même temps, nous avons choisi le thème des pirates. Les princesses enlevées par les pirates avaient toute leur place dans cette après-midi chargée d'imaginaire. Elles ont d'ailleurs porté à la garçonne les chapeaux et les caches des pirates borgnes.

J'avais créé pour Eglantine une jupe de princesse-pirate avec le bandeau assorti à porter dans les cheveux. Elles faisaient une jolie paire avec Mélissa, Blanche-Neige borgne et pirate.



 Toute la famille a joué le jeu. Un chapeau sur la tête et les pirates avaient tous les âges !

Aksel était certainement le plus canon des pirates avec sa moustache et sa barbichette au menton. Chapeau, gâteau et cadeaux, que demander de plus ? Un verre d'eau parce que vraiment il a fait chaud !

Que serait une bande de pirates sans trésor caché. Nous avons embarqué tous nous petits pirates dans une longue chasse au trésor à travers la citée. De la Maison des Pirates et des Princesses à la Mer de Pirates en passant par la Maison des Sabres de Fer, les enfants ont suivi les indices laissés par un vieux pirate ivre, une sorcière endormie, le Perroquet ou le fantôme du Capitain Beyaz (Beyaz veut dire blanc en turc).
Finalement dans le trésor ils ont été ravis de trouver entre autres des pistolets à eau qui ont fait couler... le maquillage de nos pirates de théâtre. A l'abordage !

lundi 6 juin 2011

Une chaise dans un arbre


Avec le soleil les premiers fruits apparaissent dans le jardin. Les enfants aussi qui passent leur temps à courir dans l'herbe et grimper aux arbres. Eglantine et Kivanç font des allers-retours entre les deux maisons, inventant mille histoires, essayant de nouveaux jeux, menant des expériences.

Nous avons un arbre dont je ne connais pas le nom qui fait des fruits oranges dont le nom turc est Yeni Dunya (Nouveau Monde). Je n'apprécie pas particulièrement ceux de notre jardin. Je pense que c'est surtout parce qu'Hatice les mange alors qu'ils ne sont pas assez mûrs. Et que dire de Kivanç et Eglantine qui les cueillent alors qu'ils sont encore jaunes-verts ? Ils ont décrété que ce sont des poires et en font une cueillette rigoureuse.

Leur dernière technique consistait à mettre en place un système permettant de rabaisser les branches de l'arbre pour en cueillir les fruits sans avoir besoin d'escalader une table sur la pointe des pieds. Plein d'inventivité nos deux compères ont décidé de suspendre la chaise à bascule d'Eglantine à une branche. En s'asseyant dedans ils espéraient créer assez de poids pour tenir la branche plus près du sol et en prendre les fruits.

Hortense et moi avons observé leur dur labeur avec beaucoup d'intérêt. Eglantine frêle Madonna (elle porte son costume du spectacle de l'école) tirant de toute ses forces afin que l'homme costaud puisse faire un nœud à l'accoudoir de la chaise. Défi réussi. Problème ? Kivanç ne faisait pas le poids face à la résistance de la branche.

Ils ont donc abandonné leur projet, se rabattant sur les glaces de la maman de Kivanç, laissant la chaise pendue à la branche toute la journée. Mobile étrange, installation insolite née de l'esprit de logique étrange de deux enfants complices.

Langouste

Samedi matin, le marché. Les cerises sont arrivées. Les premières pêches ont sorti le bout de leur douce peau. Le rouge des tomates répond au noir des aubergines. Nous mettons des dorades et des calamars dans notre panier. Charles décide de nous offrir une belle langouste de deux kilos et demi qu'il se charge ensuite de préparer.

mercredi 1 juin 2011

Lecture du soir


Le temps s'est nettement amélioré et les soirées s'étirent dans le jardin, annonçant l'été. Depuis que les petits chats sont arrivés Kivanç, notre jeune voisin, a réussi à franchir le seuil de notre maison. Du coup il s'est rendu compte que même si nous ne parlons pas beaucoup turc il peut jouer avec Eglantine même quand ce n'est pas chez lui. Voilà qui multiplie les va-et-vient de nos deux compères entre les deux maisons. Ce soir qu'Eglantine tenait tout particulièrement à attendre son Tontoncha, elle a eu le droit de veiller tard. Et Kivanç est venu à la maison lui lire une histoire. Plus que lui lire il voulait absolument lui apprendre à lire. Voici sa méthode. D'abord il lit une phrase à Eglantine. Ensuite il lui montre la phrase. Enfin Eglantine lit la phrase à son tour. En fait elle récite fidèlement ce qu'elle vient d'entendre mais comme ça tout le monde est satisfait. Finalement la maman de Kivanç  a mis fin à cette lecture laborieusement longue en venant chercher son petit garçon qui devait aller lui aussi se brosser les dents et se coucher.

Bursa, l'histoire d'une transformation

Avant la prise de Constantinople, Bursa a été la première capitale de l'Empire Ottoman. Elle est restée ensuite une ville agréable, appelée Brousse la Verte par les Français, entre mer et montagne, au milieu des champs d'oliviers. Connue pour sa soie, elle était une étape importante sur la route de ce fil précieux. L'histoire aurait pu s'arrêter là. Pourtant aujourd'hui Bursa est la quatrième ville de Turquie, regroupant deux millions d'habitants mais ne produisant plus de soie. Bien sûr elle confectionne toujours de magnifiques étoffes soyeuses. Mais vous ne trouverez au bazar de la soie que les vieilles photographies pour témoigner encore de ce temps où le sol du Koza Han était jonché de grands ballots grossiers laissant apparaître la blancheur de milliers de cocons.

De nos jours, si Ankara est la capitale politique de ce grand pays, Istanbul la capitale économique, Izmir la capitale portuaire et Antalya la capitale touristique, Bursa en est indéniablement la capitale industrielle. C'est l'histoire de cette transformation qu'Aydin Ataberk m'a contée lundi. Ancien chef de département chez Renault, il n'en continue pas moins à y donner des formations et profite également de sa retraite pour soutenir activement l'Association des Anciens du Lycée de Galatasaray à Bursa. Il en a d'ailleurs été le président jusqu'en mai dernier. Moi je l'ai rencontré grâce à l'Association Culturelle Turquie-France de Bursa. Il participe régulièrement aux activités et aurait fait un excellent membre du Conseil d'Administration si cela lui avait été proposé.

Il m'expliqua comment dans les années 60 les Américains avaient accepté d'aider financièrement la Turquie si celle-ci mettait en place une zone industrielle. Istanbul aurait été idéale pour ce genre de projet mais les terrains y étaient déjà trop chers. Bursa ville tranquille aux terrains bons marchés présentait l'avantage d'être située juste de l'autre côté de la mer de Marmara. A mi-chemin entre le port de Mudanya et le centre-ville, un terrain marécageux a donc été choisi pour accueillir les futures usines de la fameuse zone industrielle. Il aura pourtant fallu attendre encore quelques années pour que la première usine sorte de la friche.

C'est monsieur Koç, dont la famille est encore aujourd'hui une des plus grandes familles industrielles de Turquie, qui y a installé son usine. Alors les autres ont suivi. Et Renault y a implanté son usine en 1969. Sans emboutissage ni mécanique, elle permettait aux usines françaises du constructeur automobile d'exporter leurs stocks de pièces et au partenaire commercial local, Oyak (un fond de pension de l'armée turque), de faire fructifier l'argent de ses officiers grâce à la vente des voitures montées à Bursa. Pendant des années et alors qu'elle n'existait plus sur aucun autre marché au monde, la R12 a ainsi connu un âge d'or en Turquie.

Je vous raconterai une autre fois comment cette petite usine est devenue aujourd'hui un des plus gros sites de Renault dans le monde, sortant une voiture toutes les minutes.

Sachez juste pour finir que l'installation de Renault a marqué le début de la francophonie à Bursa, par l'arrivée de nombreux expatriés français mais surtout par le recrutement de Turcs francophones venus des écoles d'Istanbul comme la fameuse Galatasaray dont est issu Aydin Ataberk.


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Écrire au jardin

Allongée sur un serviette dans l'herbe de mon jardin, je m'attèle à l'organisation de l'anniversaire d'Eglantine et Aksel. Auparavant je vais écrire quelques mots sur le blog, profitant du calme de ce début d'après-midi. Un léger vent rafraîchit ma nuque et fait bruire les feuilles des arbres. Les oiseaux pépient bruyamment. Au loin j'entends une tondeuse. Les ouvriers repeignent la maison d'un voisin en sifflotant. Des roses odorantes font éclater leurs couleurs au milieu de la verdure du fond du jardin. Les jeux d'ombre du soleil à travers les arbres dessinent une immense mosaïque sur la pelouse.

Le décor est posé. Je peux vous conter une histoire. Celle de la transformation de Bursa en capitale industrielle de la Turquie qu'Aydin Ataberk m'a confiée lundi alors que nous allions faire un reportage sur le nouveau président de l'Association des Anciens du Lycée de Galatasaray à Bursa. Cette histoire mérite un message à elle seule. Vous la lirez donc plus haut.


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