Avant la prise de Constantinople, Bursa a été la première capitale de l'Empire Ottoman. Elle est restée ensuite une ville agréable, appelée Brousse la Verte par les Français, entre mer et montagne, au milieu des champs d'oliviers. Connue pour sa soie, elle était une étape importante sur la route de ce fil précieux. L'histoire aurait pu s'arrêter là. Pourtant aujourd'hui Bursa est la quatrième ville de Turquie, regroupant deux millions d'habitants mais ne produisant plus de soie. Bien sûr elle confectionne toujours de magnifiques étoffes soyeuses. Mais vous ne trouverez au bazar de la soie que les vieilles photographies pour témoigner encore de ce temps où le sol du Koza Han était jonché de grands ballots grossiers laissant apparaître la blancheur de milliers de cocons.
De nos jours, si Ankara est la capitale politique de ce grand pays, Istanbul la capitale économique, Izmir la capitale portuaire et Antalya la capitale touristique, Bursa en est indéniablement la capitale industrielle. C'est l'histoire de cette transformation qu'Aydin Ataberk m'a contée lundi. Ancien chef de département chez Renault, il n'en continue pas moins à y donner des formations et profite également de sa retraite pour soutenir activement l'Association des Anciens du Lycée de Galatasaray à Bursa. Il en a d'ailleurs été le président jusqu'en mai dernier. Moi je l'ai rencontré grâce à l'Association Culturelle Turquie-France de Bursa. Il participe régulièrement aux activités et aurait fait un excellent membre du Conseil d'Administration si cela lui avait été proposé.
Il m'expliqua comment dans les années 60 les Américains avaient accepté d'aider financièrement la Turquie si celle-ci mettait en place une zone industrielle. Istanbul aurait été idéale pour ce genre de projet mais les terrains y étaient déjà trop chers. Bursa ville tranquille aux terrains bons marchés présentait l'avantage d'être située juste de l'autre côté de la mer de Marmara. A mi-chemin entre le port de Mudanya et le centre-ville, un terrain marécageux a donc été choisi pour accueillir les futures usines de la fameuse zone industrielle. Il aura pourtant fallu attendre encore quelques années pour que la première usine sorte de la friche.
C'est monsieur Koç, dont la famille est encore aujourd'hui une des plus grandes familles industrielles de Turquie, qui y a installé son usine. Alors les autres ont suivi. Et Renault y a implanté son usine en 1969. Sans emboutissage ni mécanique, elle permettait aux usines françaises du constructeur automobile d'exporter leurs stocks de pièces et au partenaire commercial local, Oyak (un fond de pension de l'armée turque), de faire fructifier l'argent de ses officiers grâce à la vente des voitures montées à Bursa. Pendant des années et alors qu'elle n'existait plus sur aucun autre marché au monde, la R12 a ainsi connu un âge d'or en Turquie.
Je vous raconterai une autre fois comment cette petite usine est devenue aujourd'hui un des plus gros sites de Renault dans le monde, sortant une voiture toutes les minutes.
Sachez juste pour finir que l'installation de Renault a marqué le début de la francophonie à Bursa, par l'arrivée de nombreux expatriés français mais surtout par le recrutement de Turcs francophones venus des écoles d'Istanbul comme la fameuse Galatasaray dont est issu Aydin Ataberk.
- Posted using BlogPress from my iPad
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire