samedi 25 février 2012

Drum bun !

La pluie a enfin cessé ce matin. Le soleil perce entre les nuages quand nous chargeons la voiture pour reprendre la route. À Salva nous sommes chaleureusement accueillies par Virginia Linul, la grand-mère aux yeux clairs et au doux sourire. Nous restons plusieurs heures avec les brodeuses de perles avant de prendre la 17C vers le nord pour rejoindre Viseu Sus.

Petit à petit le style des maisons change. Les maisons hongroises à étage disparaissent et les toits en bois se multiplient. En haut d'une longue montée, un portail en bois sculpté marque notre entrée dans le Judet du Maramures.

De prime abord Viseu Sus ne présente qu'un intérêt limité. Cette ville est surtout connue pour vendre du bois dans le monde entier. Dans des camions, dans des charrettes ou des traîneaux tirés par des chevaux ornés des traditionnels pompons rouges portes-bonheur, en longues planches entreposées le long des barrières des maisons, en gros rondins ou petites bûches, le bois est partout.

Ici nous trouvons une pension avec une salle non-fumeur bénéficiant d'une belle baie vitrée, "La Cassa". Puis nous changeons de vallée pour nous rendre à Botiza, plus au sud. Petites routes à nid de poules serpentant au milieu des vallons enneigés, paysages immaculés rythmés par les meules de foins comme autant de chapeaux de pailles, les arbres et de grandes barrières. Nous traversons des villages où les portails de bois sculptés transforment de modestes demeures en monuments paysans et arrivons finalement sur la place principale de Botiza.

Dans le Guide Vert, ce village est annoncé comme un haut lieu de tissage des tapis traditionnels du Maramures. L'église en bois au clocher allongé pointant vers le ciel est aussi silencieuse que la place déserte. Heureusement une voiture vient se garer juste à côté de nous. L'homme qui en sort se met en quatre pour nous trouver une tisseuse et son métier à tisser. Nous prenons la route qui part face à l'église, passons un panneau "Drum calamitat", littéralement "route calamité" (!), et sur le troisième pont à droite nous attend notre tisseuse, avertie par téléphone de notre visite impromptue.

Son métier à tisser occupe quasiment toute la pièce. Elle prend le temps de nous expliquer son métier, ses contraintes et de nous montrer ses tapis, véritables fresques de la vie du Maramures. Nous reprenons la 186 direction Sighetu Marmatiei où nous avons réservé une chambre pour la nuit. La Casa Lurca de Casinesti finit de nous plonger dans l'architecture du Maramures. Les filles peuvent se défouler au rythme des musiques traditionnels de la région grâce à trois musiciens en costume qui animent la soirée. Derrière de lourdes portes, nous entrevoyons des danseurs habillés pour une soirée privée assez chic qui perdent leur souffle sur les danses traditionnelles. Ils tournent et tapent du pied, se perdent et se retrouvent. Tiraillées par la curiosité, nous poussons la porte et les filles sont entraînées dans la danse pour leur plus grand plaisir.

Cette journée à été riche en découvertes, expériences et bons moments. J'ai plein de matière pour mes livres et le catalogue de 100% RO. Demain pas d'artisans, c'est dimanche. Alors nous continuerons notre Drum bun (bonne route !) en poussant jusqu'au cimetière joyeux.

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