vendredi 3 février 2012

L'Opéra de Georgette


Visiter l’Opéra de Bucarest avec Georgette, c’est donner vie à cette usine lyrique. Pianiste russe pétulante, Georgette vibre au rythme du bâtiment, souhaitant nous montrer le meilleur de ce qu’il contient. Elle aura le froid contre elle. La répétition du chœur est annulée car les chanteurs ne peuvent pas chauffer leur voix. A l’instar de ces danseurs étoiles qui cessent la répétition au moment même où nous entrons. Le bâtiment est trop mal chauffé. Georgette fait une scène, prétextant le devoir de représentation de l’excellence de la Roumanie. Elle n’accepte pas qu’une répétition souffre du froid.


Il faut dire qu’à côté des ateliers des ouvriers de l’Opéra, danseurs et chanteurs semblent bien lotis. Non averties du froid régnant dans la plupart des salles des travailleurs invisibles de l’Opéra, nous avons laissé nos manteaux au vestiaire. Nous nous rigidifions au fur et à mesure que nous visitons les ateliers de création des décors en papier mâché et en bois, des costumes, chapeaux et pointes. Nous passons de pièce en pièce jusqu’au dépôt de ces décors démesurés qui attendent d’être réutilisés.


Cependant c’est sur la scène que l’activité est aujourd’hui la plus intense. Poser les décors, recoudre les rideaux, essayer les lumières et les effets spéciaux, l’Opéra prépare la première de Méphistophélès. Assises dans les fauteuils de velours rouge, nous écoutons Georgette nous raconter les voix, les caprices de solistes, la rigueur du travail, les contretemps, les heures de répétitions, le trac et le spectacle.





Il ne nous reste plus qu’à acheter des places pour profiter de l’endroit du décor dans la chaleur de la grande salle alors que Bucarest disparaît sous la neige.

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