mercredi 1 février 2012

Les Apuseni sous la neige

Vous qui suivez ce blog vous avez bien compris que je suis partie faire un stage photo de trois jours dans les Apuseni. L'idée ? Photographier les couleurs de l'hiver dans les villages et montagnes de cette Transylvanie à forte influence hongroise. Récit d'un voyage haut en couleurs, même si ce fût parfois assez proche du noir et blanc.

Tout commence jeudi, où dans une Bucarest bloquée par les tempêtes de neige nous réussissons finalement à décoller pour Cluj (A). Notre prof de photo, Mihai Moiceanu, nous attend avec un van pour nous conduire à la pension de Conacul Secuiesc dans le village de Coltesti (B). Nous nous écroulons dans la chaleur réconfortante de cette grosse bâtisse en rouge, vert et blanc.



Agrandir le plan

Après un petit déjeuner copieux et bavard, nous sortons nos équipements de neige pour partir à la chasse aux photo dans le village. Dans les rues désertes quelques hommes titubent déjà en sortant du café-bar de la coopérative. Boire, ou comment tuer le temps quand la rigueur de l'hiver empêche toute activité. Rides creusées, regards perdus dans le blanc de la neige et gueules tordues dessinent la beauté toute en relief de ces villageois.





Au loin la forteresse de Coltesti nous indique le chemin à suivre. La route est longue et les arrêts photos trop nombreux pour que nous arrivions jusqu'à elle. Nous nous satisfaisons d'un mont en contrebas pour faire des photos du village vu d'en haut. Nous sommes épuisées par la montée dans la neige fraîche où nous nous enfonçons jusqu'aux genoux. Cathy deviendra ainsi notre Snow Fairy tant il est difficile pour elle de sortir ses jambes de la neige, provoquant chutes, roulades et éclats de rire. Mais c'est toujours une grande satisfaction d'arriver en haut. J'avoue cependant que je ne suis pas une grande amatrice de ces paysages en noir et blanc. Le soleil en effet n'est pas avec nous et le ciel restera couvert une grande partie de la journée.






Le déjeuner à la pension nous fait profiter des spécialités culinaires du pays. Nous serons chouchoutées tout au long de notre séjour par Tibike, un serveur plein de classe et d'humour. Il scotchera par exemple sur son ordinateur une pomme qu'il aura préalablement croquée, histoire d'être en harmonie avec l'ambiance Apple des nombreux Mac ouverts sur les tables, le soir, lors du debriefing.

Nous allons chercher le coucher de soleil sur les hauteur de Rimetea (C), un petit village hongrois proche de notre pension. Le temps d'installer les trépieds, le soleil se cache. Apprendre la photo se révèle être aussi un apprentissage de la patience. Nous attendrons qu'il réapparaisse, baignant le sommet de la montagne de sa chaude lumière alors que déjà le village est dans l'ombre.



Le lendemain matin nous traînons moins, désireuses de profiter pleinement de notre journée. Nous faisons un nouvel arrêt à Rimetea pour travailler sur la réflexion des maisons dans les bassins de la fontaine du village. L'arrivée du soleil annonce des photos plus colorées, plus inspirantes. Je commence à maîtriser les réglages de mon appareil. Mais Mihai me reproche un point de vue de peintre et non de photographe. J'ai indéniablement encore beaucoup de choses à apprendre.



La route pour déjeuner à Silciua (D) n'est pas simple quand nous devons partager la route étroite et enneigée avec un couple de bœufs tirant des troncs d'arbre. Mais nous découvrons la vie des villages transylvaniens, comme ces deux jeunes hommes et cette femme en train de charger du foin sur une charrette à Buru. La scène est pittoresque et nous sortons nos caméras alors que Mihai entame la conversation. Les trois jeunes gens viennent d'acheter du foin à une vieille dame qui nous récitera des poèmes.






Après avoir englouti mamaliga (la polenta roumaine), Afinata (liqueur de myrtilles) et Visinata (liqueur de cerises), je suis parée pour la montée. Chacune puise dans ses forces pour relever ce défi sportif. A l'arrivée quel enchantement ! Les vallées se dessinent en courbes blanches dans la lumière de cet fin d'après-midi ensoleillée. Nous attendons que le soleil se perde derrière les montagnes puis fixons tant bien que mal dans nos objectifs la lumière bleue de la nuit qui tombe. La descente se fera dans le noir des sous-bois. En bas, un bon vin chaud réchauffera les corps et les cœurs bien sollicités.





Dimanche nous remettons tous nos bagages dans le van. Nous saluons Tibike et son jeune collègue de chaleureux gestes de la main alors que nous quittons la pension pour nous rendre aux gorges de Turda (E) Quand nous arrivons au gorges le soleil est haut. Le thermomètre ne dépasse pourtant pas les -10°. Nous descendrons au-delà des -20° au plus profond des gorges. Prendre des photos devient alors compliqué. Les doigts se refroidissent trop vite. La rivière gelée, parsemées de pierres de neige, de reflets et de branches donne lieu à de nouveaux exercices photo.



 

Nous déjeunons à Turda (F) au Castelul Printul Vanator (château de Dracula et du Prince de la Chasse). Très kitch jusque dans le menu qui propose un plat nommé "Exhausted Dracula's dick" (la bite épuisée de Dracula). Il paraît que quand on voit le plat, le titre est très parlant... Nous sommes restés sages et avons ensuite filé vers notre dernière destination avant l'aéroport, l'ancienne mine de sel de Salina-Turda (G). Un lieu totalement surréaliste avec une grand roue, des barques autour d'une île ou encore un mini-golf dans la grotte creusée pendant des années par les mineurs du sel.







Toutes mes photos sur Picasa : cliquez ici.

Aucun commentaire: