Chaque année Brasov est en fête le premier dimanche après la
Pâque orthodoxe. Les cinq groupes de Juni descendent de l’église Saint Nicolas
vers le centre-ville derrière leurs oriflammes. Vêtus de costumes traditionnels
aux broderies éclatantes, coiffés d’astrakan et de plumes de paons, montés sur
de magnifiques chevaux ornés de breloques et de pompons chamarrés, les hommes
des vieux quartiers de Brasov défilent fièrement, acclamés par la foule qui
répond en cœur « Adevarat a inviat » à leurs saluts lancés au son du « Hristos
a inviat ». Si à l’origine cette fête païenne réunissait les jeunes
célibataires (Juni : jeunes), elle revêt aujourd’hui une forte teneur spirituelle, unissant
toute une ville et sa région dans la résurrection du Christ.
Encore endormis dans notre chambre au Bella Muzica, Olivier et moi entendions dès le petit matin les sabots des chevaux qui remontaient vers le point de départ de la parade. Petit à petit la foule s’est massée sur la place du Conseil (Piata Sfatului). De notre fenêtre nous étions aux premières loges pour voir défiler cette éblouissante parade colorée. Aujourd’hui ce sont des hommes de tous les âges qui défilent. Plusieurs enfants, montant parfois seuls de grands chevaux gracieux, de jeunes hommes à l’allure altière attirant le regard des jeunes filles, les moustaches et les rides ensoleillées des cavaliers plus âgés, la joie se lit sur leurs visages. Ils mènent leurs chevaux avec fermeté et tendresse, leurs faisant exécuter élégamment des pas complexes.
Ils remonteront ensuite sur les hauteurs des collines. Mais
c’est l’heure de la sieste d’Hortense et nous ne pourrons pas assister aux
danses et au joyeux pique-nique qui réunit tout le monde. Sur la place du
conseil de Brasov, les danses traditionnelles de tout le pays éclatent de
couleurs et de musique sur la scène montée à l’occasion de ces journées
festives.
En fin d’après-midi cependant, nous avons pris le chemin de
la colline. Trop tard pour voir les danses mais juste à temps pour admirer ces
magnifiques montures redescendre vers leurs maisons. Les chevaux sont fatigués
et il vaut mieux s’écarter de leur passage. Les cavaliers ont du mal à les
tenir. Le public largement aviné rit et titube en redescendant avec eux.
Eglantine et Hortense se remplissent les yeux de chevaux merveilleux qui
peupleront leurs rêves les jours suivants.
L’année prochaine, nous aussi nous monterons sur la colline,
nous partagerons le barbecue et nous admirerons les danses de ces hommes fiers
de leurs traditions.
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