La galerie est au sous-sol d’une boutique d’encadrement. On
y descend par un étroit escalier en colimaçon. Les marches exiguës en métal
gris mènent à la salle largement baignée de lumière où sont accrochées les 3x12 fotografii de trois jeunes photographes.
Chacun expose douze photos, d’où le nom de l’expo. Dragos Dumitrescu est un des
meilleurs amis de Zoita. Voilà comment je suis arrivée là. Les trois artistes
exposés se connaissent depuis longtemps. Dragos m’explique que les photos sont
mélangées, mettant en avant la complémentarité de leurs travaux. Le fil
directeur n’est pas la beauté mais l’atmosphère et le questionnement.
De fait les 36 photos dégagent un sentiment commun, celui d’une profonde solitude de l’homme. Perdu dans des décors urbains décrépis, l’homme est relégué dans un coin ou au bas du cadre, les pieds coupés, perdant son lien avec la terre. Les murs prennent toute la place, transpercés de fenêtres minuscules, puits de lumières inaccessibles. Ils sont décrépis, fissurés, parfois saturés de couleur, souvent ternes ou carrément en noir et blanc. L’animal lui aussi ne profite d’aucune liberté, d’aucune espérance. Un âne coincé entre des murs. Un cheval à la perspective bouchée par les pieds des hommes qui l’entourent. Et même cet oiseau qui de loin rappelle une colombe en vol, n’est qu’un pigeon en train de se poser dans une cour minuscule où la seule porte de sortie aux moulures en mousse expansive est désespérément hermétique.
3x12 fotografii n’est
pas une expo qui repose. Chaque photo nous ramène à notre propre claustration
dans les murs de nos pensées, nous obligeant finalement à la dépasser pour
retrouver cet espoir qui fait vivre !
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