samedi 9 mars 2013

Le parc Ioanid, vision d'un libraire inspiré



Le parc Ioanid est un petit parc qui se trouve à deux pas de l’Institut Français de Bucarest. Au 19e siècle, George Ioanid était un libraire réputé. Il créa aussi la première maison d’édition de Roumanie et fut le fournisseur personnel de livres de Carol Ier. Il était surtout un entrepreneur inspiré. 

Alors qu’à la fin des années 1800 le cours de la Dambovita est maîtrisé, les inondations récurrentes s’estompent. Bucarest se construit. Le libraire Ioanid achète un terrain où se trouvait la source de la Dambovicioara, un bras de la Dambovita. Avec le contrôle de cette dernière, le terrain est devenu marécageux. Mais George Ioanid a de grands projets pour ce terrain. Il veut y construire un lotissement de luxe pour la haute-bourgeoisie de Bucarest, qui doit s’organiser autour d’un petit espace de verdure, à l’instar des squares anglais et des parcs français.

Le terrain est drainé. Le libraire Ioanid y plante plus de 25 espèces d’arbres. A sa mort en 1907, ses héritiers vendent à la mairie de Bucarest. Les lots sont vendus à des particuliers qui font construire de riches villas de style néo-brancovan ou classique français, dont les balcons luxueux donnent directement sur le parc. Contenu entre le boulevard Dacia et les rues Polona, Dumbrava Rosie et Aurel Vlaicu, ce quartier est rapidement investi par les Ambassades, le sauvant ainsi des projets urbanistes communistes.

Si bien qu’aujourd’hui le parc et ses maisons cossues ont gardé cet air de Petit Paris des Balkans propre au Bucarest du début 1900. Si le libraire Ioanid n’en a pas vu l’aboutissement, son projet a été une indubitable réussite. Le parc garde encore aujourd’hui un faux air du parc Monceau à Paris.

Depuis 2003 l’endroit a été rebaptisé en l’honneur du grand violoniste roumain Ion Voicu dont une statue orne désormais le parc.

Moi j’ai découvert ce parc cette semaine en visitant une belle demeure de style classique français située Strada Polona. Le printemps faisant tout juste ses premiers pas, la verdure n’avait pas encore investi les allées et je n’ai pas fait de photos. A défaut, je vous propose d’écouter le violon de Ion Voicu.

Aucun commentaire: