Le parc Ioanid est un petit parc qui se trouve à deux pas de
l’Institut Français de Bucarest. Au 19e siècle, George Ioanid était un libraire réputé. Il créa aussi la première
maison d’édition de Roumanie et fut le fournisseur personnel de livres de Carol
Ier. Il était surtout un entrepreneur inspiré.
Alors qu’à la fin des années 1800 le cours
de la Dambovita est maîtrisé, les inondations récurrentes s’estompent. Bucarest
se construit. Le libraire Ioanid achète un terrain où se trouvait la source de
la Dambovicioara, un bras de la Dambovita. Avec le contrôle de cette
dernière, le terrain est devenu marécageux. Mais George Ioanid a de grands
projets pour ce terrain. Il veut y construire un lotissement de luxe pour la
haute-bourgeoisie de Bucarest, qui doit s’organiser autour d’un petit espace de
verdure, à l’instar des squares anglais et des parcs français.
Le terrain est drainé. Le libraire Ioanid y
plante plus de 25 espèces d’arbres. A sa mort en 1907, ses héritiers vendent à
la mairie de Bucarest. Les lots sont vendus à des particuliers qui font
construire de riches villas de style néo-brancovan ou classique français, dont
les balcons luxueux donnent directement sur le parc. Contenu entre le boulevard
Dacia et les rues Polona, Dumbrava Rosie et Aurel Vlaicu, ce quartier est
rapidement investi par les Ambassades, le sauvant ainsi des projets urbanistes
communistes.
Si bien qu’aujourd’hui le parc et ses
maisons cossues ont gardé cet air de Petit Paris des Balkans propre au Bucarest
du début 1900. Si le libraire Ioanid n’en a pas vu l’aboutissement, son projet a
été une indubitable réussite. Le parc garde encore aujourd’hui un faux air du
parc Monceau à Paris.
Depuis 2003 l’endroit a été rebaptisé en l’honneur
du grand violoniste roumain Ion Voicu dont une statue orne désormais le parc.
Moi j’ai découvert ce parc cette semaine en
visitant une belle demeure de style classique français située Strada Polona. Le
printemps faisant tout juste ses premiers pas, la verdure n’avait pas encore
investi les allées et je n’ai pas fait de photos. A défaut, je vous
propose d’écouter le violon de Ion Voicu.
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