Ces deux derniers jours ont été denses. Antonia et moi
sommes parties à la découverte des artisans des environs d’Horezu, judet de
Vâlcea. De la terre d’Olari aux tapis d’Oltenie, des vers à soie de Stoenesti
aux copeaux du bois taillé des Rudar, nous avons tourné dans tous les sens sur
les routes campagnardes de la région. Nous avons croisé des chiens qu’il m’a
parfois fallu éviter, les traditionnelles volailles du bord des routes (poules,
oies, dindons), les vaches qui paissent devant les portails, les chevaux « empomponnés »
de rouge (je sais, ce mot n’existe pas, mais il devrait. Empomponner, décorer
de pompons), les troupeaux de moutons et de chèvres, les charrettes chargées
des pauvres récoltes de maïs (la sécheresse est sévère cette année) et quelques
roulottes tsiganes (la poésie de Gadjo Dilo est bien loin, elles sont ouvertes
à tous les vents et n’incitent guère à la rêverie voyageuse).
Nous en avons profité pour faire des pauses dans quelques-uns
des nombreux monastères qui se lovent dans le relief boisé de ces Carpates septentrionales.
Les tours charnues et blanches de certaines églises se voient d’ailleurs de
loin. Polovragi le discret, le fameux Horezi, Dintr-un Lemn le fleuri, le
populaire Bistrita, Arnota le haut-perché, nous nous sommes arrêtées visiter
chacun d’entre eux. Quelle découverte alors de partager ces moments avec
Antonia, orthodoxe et pratiquante, qui, à l’instar de nombreux autres
visiteurs, prend le temps de baiser doucement chaque icône et chaque relique !
Voilà un geste surprenant pour qui n’en n’a pas l’habitude. Mais alors que je
la regardais faire, je la voyais dans son univers, dans ses croyances, dans
toute l’importance quotidienne de son orthodoxie. Et si je me moquais gentiment
de l’aspect hygiénique (toutes ces bouches qui baisent tour à tour les mêmes vitres
protectrices), je m’émerveillais surtout d’une coutume qui n’est pas la mienne
et qui semble si naturelle dans ces contrées.
La plus vieille église du Monastère Dintr-un Lemn aurait été construite avec le bois d'une seul gros chêne, d'où son nom qui signifie "d'un seul bois" |
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