Suivre le bus jusqu'à Mizil. Je n'aime pas les bus. J'ai pris ma voiture. Puis tourner à gauche vers Domeniile Franco-Române pour goûter le vin de Denis et Christine, Bourguignons installés en Roumanie, spécialistes du vin bio. Si j'avais pris le bus comme les autres, j'aurais peut-être bu un peu plus. Tant pis.
Pour le moment il fait bon et les enfants sont contents de se dégourdir les jambes. Comme j'ai déjà fait la visite, je reste avec eux dans la cour. L'arc et les ballons sauteurs que j'ai sorti de la voiture trouvent vite leur place.
La cuve en cours d'aménagement s'avère un fabuleux terrain de jeux où les cris se multiplient en échos entremêlés qui bourdonnent dans nos oreilles et s'emparent de tous nos sens. Les enfants sont enchantés. Ils courent le long du grand mur rouge circulaire et leurs pas résonnent par-dessus leurs chants. Une insupportable cacophonie rythmée de rires et de sourires.
J'ai pris ma voiture. Mais nous sommes là pour des heures. Alors je goûte les vins. Un peu. Puis un autre. Parce que je ne me souviens plus du goût de celui-ci. Parce que je veux partager avec tout le monde ce plaisir de comparer les saveurs qui se succèdent. Alors que nos verres se vident, les enfants mangent dehors. Les grands aident les petits. Pour manger. Mais aussi pour attraper les mûres qui tombent en une pluie généreuse quand ils secouent les branches des deux arbres. Les corps et les vêtements se barbouillent de violet un peu noir. Ce soir dans le bain, tout ne partira pas.
Nous nous installons autour de la grande table. Simplicité, générosité, saveurs et cépages variés. Ljiljana et Jérôme nous gâtent pour leur départ en organisant cette journée campagnarde. Des mots qu'ils prononcent pour leur discours, je ne me souviens plus. A ce moment, je regarde le sourire de Ljiljana, ce morceau de soleil. Banane, pêche, ou patate. Ce sourire est le primeur de la bonne humeur. Lili, tu vas me manquer. Je ne suis pas la seule d'ailleurs.
Longue table et discussions infinies. Nous prenons finalement la route du haut de la colline. Je suis toujours le bus dont la plaque s'orne d'une sensationnel VIB. Very Important Bonzi ? Nous délaissons les vignes et les petits villages. Nous laissons les moteurs, dépassons l'église qui se dresse en dernier rempart sous les nuages et nous serpentons à travers les chardons et les fleurs odorantes, sur la crête de la colline, dominant des vallées arborées d'un côté et l'immensité de la plaine de l'autre.
Nous croisons des chevaux placides. Nous ramassons de petites fraises sauvages au goût intense. Nous voyons de loin se dessiner sur l'arrondi du relief un champ de sculptures de pierre. Comme les vestiges d'une humanité figée, dégageant une spiritualité paganique, corps déformés ou stylisés, symboles d'un univers pluriel, ils nous engagent à se poser dans l'herbe, méditant sur la forme des nuages et la pluie qui s'annonce au loin. Vidant simplement les esprits, pris par la pierre, lénifiés par les formes qui prêtent des rêves à notre imagination.
Les enfants courent. Personne ne pleure. La vie est belle. Le berger et ses chèvres nous regardent passer stoïquement. Nous devons lui sembler aussi étrange qu'à nous sa tenue d'un autre temps, d'un autre monde. Dans la voiture au retour Hortense me demande Gangnam Style. Jeanne et Eglantine dansent avec elle. La continuité du monde est finalement celle que l'on se crée.
Merci Lili pour cette délicieuse journée !
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